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FINTAN

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Philippe Lejeune arguait que : « Pour qu’il y ait autobiographie […], il faut qu’il y ait identité de l’auteur, du narrateur et du personnage » (15). Même si cette assertion ne s’applique pas entièrement à Onitsha, il faut noter que ce roman s’inspire de la vie de Le Clézio, transposant sur le mode fictionnel son séjour au Nigéria en 1948, la rencontre avec son père, médecin de brousse à Ogoja, sa découverte de l’Afrique. Le personnage de Fintan a donc la fonction de substitut identitaire de l’auteur, chargé de réécrire l’histoire, ce qui lui permet, comme le soutient Lydie Moudileno, de jeter un regard critique sur les traces de son père en Afrique : « […] des sentiments […] qui renvoient au malaise d’un sujet affilié malgré lui à ‘une famille’ jugée déshonorante » (2011, 63-82). Cet épisode colonial de la vie du père de l’auteur réapparaît dans L’Africain, autre récit à caractère autobiographique, comme si « le sujet cherch[ait] à reconstruire l’histoire dont il est issu » (Moudileno, 2011, 63-82).

Dans Onitsha, la réécriture romanesque établit la distance avec les valeurs du père qui avait décidé « de s’engager auprès du Ministère des Colonies britanniques. De devenir, donc, colonisateur » (Moudileno, 2011, 63-82). Cette analyse est également partagée par Madeleine Borgomano (Onitsha, 1993) qui explique le choix du prénom de la mère de Fintan, Maou, d’origine italienne, par le désir de « créer un lien entre l’enfant et son père absent » (ibid., 68), Geoffroy Allen, exilé à Onitsha (toponyme romanesque pour la ville d’Ogoja). La reconstruction imaginaire doit d’abord déconstruire les valeurs séculaires de l’identité dont est issu Fintan, cette culture dominante, arrogante, et condescendante incarnée par son père qu’il renie systématiquement dès le début du roman : « L’homme qui attendait là-bas, au bout du voyage, ne serait jamais son père. C’était un homme inconnu » (O, 18). La relation entre père et fils, même si elle apparaît comme « l’enjeu d’un conflit » (Borgomano, 1993, 76), évolue favorablement au cours du roman lorsque Fintan découvre le rêve de Geoffroy de partir sur les traces de la reine noire de Meroë, ce qui fait dire à Madeleine Borgomano qu’il n’y a pas de lien naturel entre père et fils, mais qu’il se construit petit à petit au cours du livre.

Le lecteur est averti dès les premières pages du récit qu’un long voyage qui transcende l’espace-temps de la traversée en bateau vient de commencer, celui de l’écriture : « Écrire, […] comme si on remontait un fleuve sans fin » (O, 30). Fintan est le témoin privilégié et le narrateur des épisodes constitutifs de cette nouvelle histoire. Cela passe nécessairement par un travail de collecte, de souvenirs, et de découvertes qui lui ouvre une nouvelle perspective : la création d’un mythe fondateur de l’expatriation paternelle. Fintan, dans sa pérégrination africaine, est continuellement confronté à une série d’oppositions propres à la condition humaine — le vice et la vertu en la personne de Sabine Rodes : « Il était généreux, moqueur, enthousiaste, et aussi coléreux, cynique, menteur » (O, 113) ; la norme des colonisateurs et la marginalité de Maou qui s’y oppose ; la naissance et la mort : « ’Est-ce qu’on met les enfants au monde pour qu’ils nous ferment les yeux’ » (O. 287) ; l’initié et le profane : « ’Orum, Orum !’ criait Fintan. Bony disait que Shango avait tué le soleil » (O. 88). Ces axes antagonistes, comme le souligne Marina Salles, constituent des outils d’analyse pour recomposer de nouveaux paradigmes qui changent fondamentalement la perception de l’autre : « […], le romancier, qui confronte des points de vue, des personnalités, des discours contradictoires, […], a le pouvoir de bousculer les préjugés, d’ébranler les systèmes de pensée dominants (Salles, 2006, 88).

Tout au long de ce voyage initiatique, Fintan découvre les particularités culturelles, la présence du sacré, qui enrichissent la formation de sa personnalité. Ainsi, malgré son appartenance à la communauté des colons, il prend conscience de la brutalité de la colonisation et ressent la souffrance des hommes noirs traités en esclaves : « Fintan fermait les yeux, il pensait à la colonne de forçats qui traversait la ville, au bruit de la chaîne attachée à leurs chevilles » (O, 272). Il s’intègre facilement dans le village africain, entretient une amitié avec Bony et s’adapte rapidement au style de vie proche de la nature : « Fintan marche pieds nus, comme Bony » (O, 79).

À l’opposé des rapports conflictuels que Fintan entretient avec son père biologique, il faut noter la grande affection qu’il porte à sa mère, le jeune garçon se sentant investi de la mission de la protéger, de combler le vide affectif dans lequel elle vit du fait de l’indisponibilité de Geoffroy : « Il arrive aussi qu’elle cherche un appui auprès de Fintan, c’est alors lui qui la protège et la serre contre lui » (O, 70). L’absence consciente ou la démission inconsciente de Geoffroy favorise la relation filiale qui s’établit entre Fintan et Sabine Rodes, un personnage mystérieux, détesté pourtant de Maou. Madeleine Borgomano explique l’émergence de cette relation à partir du « […] ‘roman des origines’ que se forgent les enfants » […] et qui consiste à remplacer les parents par « des parents de rêve, conformes à leur désirs » (O, 76). Sabine Rodes exerce une influence paternelle sur Fintan et l’introduit petit à petit dans le monde mythique de l’Afrique. Il l’initie également à l’univers de la sexualité en le faisant assister aux ébats sexuels entre Oya et Okawho dans un espace secret pour la perpétuation de la descendance du peuple de Méroë. Cette scène peut être lue en parallèle avec la découverte inattendue du « passage secret » auquel Le Clézio fait référence dans Pawana : « Nous parlions de ce passage secret, du refuge des baleines grises, là où les femelles venaient mettre au monde les petits » (Pa, 55). De même que le massacre des mammifères marins fait écho à la destruction des termitières que « Fintan [avait attaquées] l’une après l’autre avec sauvagerie » (O, 81). La vive indignation qu’inspire cette violence gratuite à Bony, l’ami africain, emblématise la révolte de Le Clézio contre toutes les formes de saccage du patrimoine culturel et des ressources naturelles des peuples dominés par des peuples dominants. C’est avec consternation et impuissance que les dominés subissent de telles marques de mépris, ce que traduit le regard de Bony : « Bony l’avait regardé. […] Fintan ne pourrait oublier ce regard-là » (O, 81). Et c’est à juste titre que Raymond Mbassi Atéba fait référence à la destruction de l’oracle d’Aro Choku pour justifier la farouche résistance spirituelle du peuple d’Onitsha considéré comme « l’épicentre de la sorcellerie de l’Afrique de l’Ouest » (Atéba, 2011, 137-152). En effet, affirme-t-il : « En conquérant l’Amérique et l’Afrique, l’Europe leur a apporté la civilisation en détruisant celles qu’elle a trouvées » (ibid.).

Les conséquences de l’aliénation culturelle et identitaire, consécutive à la colonisation, vont au-delà du sous-développement et du déracinement. Dans la dernière partie du livre, Le Clézio décrit les horreurs de la guerre civile au Biafra : « Les bombes, les villages rasés, les enfants qui meurent par la faim sur les champs de bataille […] » (O, 279). Cet acte de réécriture postcoloniale, relève d’un certain courage, noté par Robert Miller : « Peu de romanciers français se sont risqués autant que J.-M.G. Le Clézio à évoquer l’univers postcolonial » (Miller, 2003, 61).

Car s’il est établi que cette guerre fratricide qui a causé la mort de plus d’un million de personnes est une tragédie exclusivement nigériane, Le Clézio est à juste titre persuadé que ce conflit a été attisé par l’attrait du pétrole dont regorge cette région du delta du Niger : « Pour la mainmise sur quelques puits de pétrole, les portes du monde se sont fermées sur eux […] » (O, 279). C’est sur la mort du père, sur le cynisme des puissances occidentales, sur ce constat d’échec du système colonial aux lendemains des indépendances – car il n’avait pas permis d’implanter les valeurs de cette civilisation dite de lumières et de progrès pour lesquelles elle a toujours revendiqué sa légitimité –, que s’achève l’initiation de Fintan parti, avec sa mère Maou, à la rencontre d’un homme, d’un continent dont la magie n’a cessé de nourrir la sensibilité de l’écrivain.

Karim Simpore

 

 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ATÉBA Raymond M’Bassi, « Articuler le local et le global : Le Clézio et la coexistence des savoirs culturels » in Migrations et Métissages, Les Cahiers J.-M.G. Le Clézio, 3-4, Éditions Complicités, 2011, p. 137-152 ; BORGOMANO, Madeleine, Onitsha, Le Clézio, Paris, Bertrand-Lacoste, 1993 ; LE CLÉZIO, J.-M.G., Onitsha, Gallimard, Paris, 1991 ; LEJEUNE, Philippe, Le Pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1996 ; MILLER Robert Alvin, « Onitsha ou le rêve de mon Père », International Journal of Francophone Studies, 6, 1, 2003, p. 31-41 ; MOUDILENO, Lydie, « Trajectoires et apories du colonisateur de bonne volonté : d’Onitsha à L’Africain » dans Migrations et Métissages, Les Cahiers J.-M.G. Le Clézio 3-4, op.cit., 137-152 ; SALLES, Marina, Le Clézio, Notre contemporain, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2006.

 

Aro Choku ; Biafra (guerre), Onitsha ; Pawana.

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