• Panier0.00 €
  • Connexion
  • Panier
  • Passer commande

Editions Passage(s)

  • La Maison
    • Présentation
    • L’Équipe
    • Espace Libraires
    • Projets et Manuscrits
    • Où acheter nos livres ?
    • Portfolio
  • Les Collections
    • Classiques Francophones
    • Vagabondages
    • Littérature(s)
    • Regards Croisés
    • Essais
    • Projectiles
    • Théâtre contemporain
    • Les Cahiers J.-M.G. Le Clézio
    • Esthétique(s) Jazz
    • Focale(s)
    • La Récolte
    • Escales
    • Hors-séries
    • Jeunesse
    • Gradalis
  • Lettre d’info
  • Dictionnaire J.-M.G. Le Clézio
    • VERSION FRANÇAISE
    • ENGLISH VERSION
    • VERSIÓN EN ESPAÑOL
  • Shop

Lettre d’information

  • Join our Facebook Group
  • RSS

Maryse Condé, New Prize in Literature 2018

this entry has 0 Comments/ in Accueil / by Dominique Lanni
21 octobre 2018

Après l’annonce par la Svenska Akademien de la non remise du Prix Nobel de Littérature cette année, des libraires, universitaires et journalistes suédois ont eu l’heureuse et la folle initiative de créer un prix alternatif en appelant aux suffrages d’un jury international, sans distinction de nationalité, de sexe ou d’âge, avec une seul consigne : voter pour l’écrivain de leur choix dans une liste établie au préalable. Parmi les finalistes, les jurés à l’initiative de ce New Prize in Literature, destiné à demeurer unique dans les annales, ont décidé de couronner l’écrivaine martiniquaise Maryse Condé.

On appréciera l’ironie de la situation : en décernant ce sésame à  Maryse Condé, cette académie vient d’adresser un formidable et salutaire pied de nez à la la Svenska Akademien dont les choix de ces dernières années ont été des plus erratiques… En ces temps où la Francophonie est brocardée jusqu’aux plus hauts sommets de l’État, ce choix vient saluer la richesse et l’apport de la Caraïbe à notre littérature. Je ne m’étendrai pas ici sur les qualités de l’oeuvre de Maryse Condé. D’autres sont bien plus compétents que moi pour le faire. Ce à quoi je souhaiterais ici modestement rendre hommage, c’est à son immense générosité.

Lorsque Nicolas lui a écrit il y a deux ans pour lui demander si elle accepterait de rédiger une préface à une réédition de Frères Volcans de Vincent Placoly, Maryse Condé a aussitôt répondu par l’affirmative, lui confiant : “Je le dois à Vincent”. Quelques semaines plus tard, tenant sa promesse, elle nous adressait la belle préface que voici, intitulée “Adieu l’ami”, témoignage et belle invitation à découvrir ou redécouvrir l’oeuvre du romancier, du dramaturge et du militant martiniquais.

Dominique Lanni

“Il s’en est allé l’ami Vincent, Vincent Placoly. Cela fait un bon moment qu’il nous a quittés, qu’il est parti pour cette zone ombreuse dont nous ne savons rien et que nous peuplons des créatures de notre imaginaire. La vie dont on ne sort pas vivant, ainsi que le déclare un proverbe Bambara. Nous n’entendrons plus son grand rire, nous ne plongerons plus notre regard dans le sien, écoutant le feu de sa parole. Nous ne trinquerons plus avec lui le rhum de l’amitié. La dernière image que je garde de Vincent Placoly se situe à Rivière Pilote en Martinique, alors haut lieu d’un indépendantisme antillais, lors d’une soirée consacrée à Frantz Fanon qui nous inspirait à tous deux la même vénération. En ce temps-là il était encore délicat, voire dangereux, d’admirer ouvertement Frantz Fanon, et seul un groupe d’imprudents avait l’audace de décerner tous les deux ans un prix qui portait son nom. Pourtant peut-on dire que Vincent Placoly nous a quittés quand il nous a laissé ses romans, cette forêt de signes dans laquelle Petits Poucets, obstinés et tenaces, nous cherchons les cailloux blancs de sa trace.

Certes selon la conception répandue, la littérature est un lien qui ne meure jamais. Mais malgré leur apparence lisse et gracile, ils ne sont pas faciles à déchiffrer, les romans de Vincent Placoly et ils se prêtent à toutes sortes d’interprétations. Prenons le second, celui dont j’ai l’honneur de préfacer la réédition : Frères Volcans. Que signifie ce titre ? Est-ce un clin d’œil au grand Aimé Césaire qui tant de fois a souligné la force tellurique de notre terre, trompeuse sous son ciel bleu, sagement cernée par sa mer de même couleur, et cependant capable de ne faire qu’une bouchée de villes entières, Saint Pierre par exemple. Vincent Placoly n’a jamais caché sa profonde admiration pour le père de la Négritude.  Est-ce une référence plus étroitement sociétale à l’époque dont il est question dans le livre, à ces bouleversements consécutifs à l’abolition de l’esclavage qui imprimèrent une nouvelle forme à « la colonie » ? Ou bien faut-il y voir une métaphore plus simple englobant à la fois la nature et les êtres humains dans leur proximité les uns avec les autres ?

Dès la première page le livre étonne. En effet il est impossible de définir le planteur blanc qui parle à travers ces pages et tient ce journal. Ce Béké-là ne ressemble pas aux autres ou du moins à l’image que nous nous faisons de ceux de sa caste car c’est bien connu, nous sommes constamment victimes d’idées et d’images reçues. Nous bâtissons les individus en fonction de leur origine sociale et de traits extérieurs à leur vérité intime. Ce Béké-là est instruit, voire érudit, sa famille lui ayant légué une bibliothèque dont il ne cesse de se repaître. Son journal est donc une série de jugements portés sur des écrivains dont nous avons, il faut l’avouer, plus ou moins perdu le souvenir. Poètes, philosophes, essayistes sortent de l’oubli comme leurs œuvres sont cernées par un regard toujours critique. Cela confère à notre planteur un secret mépris pour ceux qui l’entourent, mépris qui transparait à son insu dans sa façon de s’adresser à eux.

Ce n’est pas là cependant la principale étrangeté de notre héros. Si ainsi que tous les hommes de son temps, il croit en la notion de race et en la supériorité de la race blanche à laquelle il appartient, il n’en est pas moins vrai qu’il se fait l’écho de doutes singuliers à cette époque. Il n’est pas loin d’apprécier les nègres quand il est question de leur rapport à la maladie et à la mort, caractéristiques qui à ses yeux rachètent bien de leurs faiblesses. Il crée avec sa vieille servante, Nemorine, et avec ses serviteurs un réseau d’alliances ambigües où il n’est pas toujours l’élément dominant. Il est à l’affût du surnaturel et avide d’y avoir accès. Il va jusqu’à imaginer un monde où les esclaves ne seraient pas. Il n’est pas enfermé, à notre surprise, dans un sentiment de supériorité raciale, satisfait et béat. Au contraire, il est relativement ouvert à cette abolition et aux changements qui se préparent.

Frères Volcans est également une peinture acide de la colonie, de la condition féminine surtout. L’œil de ce Béké, si peu conforme à la vision que nous en avons, est sensible aux mutilations qu’impose aux femmes la société coloniale blanche, responsable de leur vacuité et de leur vanité à la fois. Grand consommateur de la gente féminine il est bien placé pour en comprendre les multiples facettes et pour les décrire avec un humour toujours percutant.

Cependant l’aspect le plus attachant de ce livre, son passeport pour l’éternité, est qu’il contient une réflexion profonde sur la maladie, la vieillesse et la mort. Notre Béké est souvent malade et parle avec subtilité de la tristesse qui envahit chacun d’entre nous à voir son corps cesser de le servir docilement. Il est constamment engagé dans un dialogue semi-moqueur avec son médecin et ami, Raff. Il ne néglige pas non plus les remèdes de sa servante, Nemorine, qui à ses yeux sont des potions magiques, de petits morceaux de cet au-delà qui le fascine. Sous ces diverses injonctions son corps guérit mais il ne peut repousser la hantise de la vieillesse, ce naufrage contre lequel on ne peut rien, et de la mort qui tôt ou tard s’approchera de nous et nous emportera avec elle.

Qu’est-ce que la mort ? La question est aussi vieille que le monde. Les religions, et en particulier la Catholique, ont tenté de lui offrir une réponse qui devient de moins en moins convaincante. Loin est le temps où toute œuvre d’art tournait autour de sujets religieux : Annonces faites à Marie, Nativités, Résurrections. Les scientifiques, quant à eux, nous exposent des points de vue qui ne nous satisfont pas. Certains en sont à nous proposer des voyages dans l’au-delà. Notre héros sait qu’il est parvenu au bout de sa course, sur le point d’entreprendre un voyage qui n’a pas de retour et qu’il est fort incapable de définir.

Toute la beauté, toute la richesse de Frères Volcans vient de la tristesse cachée entre chaque mot, chaque phrase, chaque page. Ce journal de planteur, expression banale et courante, se révèle en fin de compte une méditation personnelle sur l’issue de la vie. Ainsi que nous l’avons dit, si notre héros ne considère pas les nègres avec le total mépris qu’il leur est généralement réservé, c’est qu’ils ont, croit-il, une intimité avec la mort. Par « intimité » nous entendons une facilité d’accès, une façon de s’en accommoder et d’en faire une part de leur vécu.

Il faut à présent souligner le style de Frères Volcans. C’est résolument un style d’emprunt. Voilà qui risque de faire bondir les critiques qui pensent que le style de l’écrivain doit lui être aussi naturel que le souffle vital. Voilà qui risque de chagriner les écrivains qui caressent un vieux rêve : celui d’être reconnu par le choix des mots, la tournure d’une phrase, la sélection des métaphores. Ecrivant en pleine querelle des partisans de la Créolité, Vincent Placoly réalise le tour de force de ne donner des gages à personne et de prouver que l’écrivain peut être le seul maître de son style. Il se glisse parfaitement dans la vêture d’un planteur blanc, bien pensant et qui se veut intellectuel. Avouons que parfois cette vêture se déchire et que surgissent des commentaires à la fois cocasses et solennels.

A la lecture de ce livre, mille questions m’ont assaillie. Peu soucieuse d’écoles et d’influences je regrettais, et c’était là un regret poignant, de ne m’être pas davantage entretenue avec Vincent Placoly, de n’avoir jamais pensé à lui poser les questions essentielles, d’avoir réduit notre amitié à quelques sourires et à des phrases convenues et sans profondeur.”

Maryse Condé, New Prize in Literature 2018

 

 

← Proust au Noir. Los Angeles : une fiction proustienne (previous entry)
(next entry) Passage(s) à la Foire du Livre de Bruxelles →
Comments

Leave a Reply

Want to join the discussion?
Feel free to contribute!

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Archives

  • juillet 2022
  • juillet 2021
  • mars 2021
  • juin 2020
  • mai 2020
  • août 2019
  • février 2019
  • octobre 2018
  • juillet 2018
  • novembre 2017
  • septembre 2017
  • octobre 2015
  • mars 2015
  • octobre 2014

Interesting links

Besides are some interesting links for you! Enjoy your stay :)

Pages

  • “BRETON SONG” followed by “CHILD AND THE WAR (THE)”
  • “HAZARAN”
  • “PAWANA”
  • “PEOPLE OF THE SKY”
  • “SECRET LOVE”
  • Africa
  • África
  • Amor secreto
  • Angoli Mala
  • Avant-propos
  • BIAFRA (GUERRE DU)
  • Canción bretona, seguido de El niño y la guerra
  • CHAGOS (ARCHIPEL DES)
  • CHAGOS (ARCHIPEL DES) MàJ 2022
  • Chagos Archipelago (the)
  • Cristeros
  • DESERT
  • Dictionnaire J.-M.G. Le Clézio
  • Ficticios
  • Fictifs
  • Fictional characters
  • Foreword
  • FRIDA KAHLO
  • Hazaran
  • Hinduism
  • Mexico
  • Muralismo
  • Novelas
  • Novels
  • Profecías del Chilam Balam (Las)
  • Prólogo
  • Pueblo del cielo
  • Romans
  • Royal College Curepipe
  • Urania
  • « SECRET LOVE»
  • AFRICAN (THE)
  • America
  • América
  • BIrds (Mauritius)
  • CANNE À SUCRE
  • Flat Island
  • Haï
  • MALINCHE (LA)
  • Novelas cortas y textos cortos
  • Obras
  • Oeuvres
  • OURANIA
  • Personas Reales
  • Personnes réelles
  • Portfolio
  • Real people
  • Short stories
  • Translators and Authors
  • Volcan Paracutin
  • ADAM POLLO
  • Afrique
  • ALEXIS
  • Asia
  • CIPAYES (RÉVOLTE DES)
  • DIEGO AND FRIDA
  • Ensayos
  • Essays
  • Ethnologiques
  • Island of Rodrigues
  • Nouvelles et textes brefs
  • Personajes
  • Personnages
  • Sirandanes
  • Sueño Mexicano
  • Works
  • Amérique
  • BARRAGÁN (LUIS)
  • Characters
  • CHAUVE-SOURIS
  • Escales
  • Essais
  • GIANTS (THE)
  • Lieux
  • Lugares
  • Sugar cane
  • AFRICAIN (L’)
  • Asie
  • BAUDELAIRE
  • COSTUMBRISME
  • HAÏ
  • Hors-séries
  • Léxico
  • Lexique
  • Places
  • ALMA
  • Bibliografía
  • Bibliographie et abréviations
  • CAILLIÉ (RENÉ)
  • CRISTEROS (GUERRE DES) OU CHRISTIADE
  • Europe
  • Glossary
  • La Récolte
  • PROSPECTOR (THE)
  • Auteurs
  • Bibliography and abbreviations
  • CHAZAL (DE) MALCOLM
  • CHIAPAS (LE)
  • DODO (LE)
  • Focale(s)
  • ONITSHA
  • Traductores y Autores
  • « AMOUR SECRET »
  • Contributions
  • DARWICH MAHMOUD
  • ÉCOLOGIE
  • Nice
  • OURANIA
  • « ANGOLI MALA »
  • COLLÈGE ROYAL DE CUREPIPE (LE)
  • FINTAN
  • FLORE (Maurice)
  • J.-M.G. Le Clézio Dictionary
  • QUARANTINE (THE)
  • « CHANSON BRETONNE »
    suivi de « ENFANT ET LA GUERRE (L’) »
  • CHERCHEUR D’OR (LE)
  • Diccionario J.-M.G. Le Clézio
  • EURÉKA
  • HINDOUISME
  • HUMBOLDT (VON) ALEXANDER
  • RAGA
  • Esthétique(s) Jazz
  • GÉANTS (LES)
  • JADI
  • LANGAGE DES OISEAUX (LE)
  • MAURICE (ÎLE)
  • REVOLUTIONS
  • FRIDA KAHLO
  • GENS DES NUAGES
  • LANGUE BRETONNE
  • Littérature(s)
  • MEDELLÍN
  • WANDERING STAR (THE)
  • Bienvenue sur le site des éditions Passage(s) !
  • GUERRE (LA)
  • LETITIA ELIZABETH LANDON (L.E.L.)
  • LOUVRE (LE)
  • MEXICO
  • VOYAGE TO RODRIGUES
  • DÉSERT
  • LONGFELLOW
  • MORNE (LE)
  • MURALISME
  • Shop
  • DIEGO ET FRIDA
  • MALINCHE (LA)
  • NIGER (FLEUVE)
  • OISEAUX (MAURICE)
  • Panier
  • Checkout
  • MA EL AÏNINE
  • PACHACAMAC
  • PROSE POÉTIQUE
  • « ÉCHAPPÉ (L’) »
  • MENCHÙ RIGOBERTA
  • Mon Compte
  • PLATE (ÎLE)
  • SAINT-AUBIN-DU-CORMIER (BATAILLE DE)
  • « GÉNIE DATURA (LE) »
  • « GRANDE VIE (LA) »
  • ÉTOILE ERRANTE
  • La Maison
  • RATSITATANE
  • RODRIGUES (ÎLE)
  • SANDUNGA
  • HAÏ
  • Les Collections
  • RULFO (JUAN)
  • SAGUIA EL HAMRA
  • SIRANDANE
  • FLOT DE LA POÉSIE CONTINUERA DE COULER (LE)
  • L’Équipe
  • SENGHOR, L.S.
  • SÉOUL
  • SOUFISME
  • Lettre d’information
  • VOLCAN PARICUTIN
  • « HAZARAN »
  • Contact et suivi des commandes
  • INCONNU SUR LA TERRE (L’)
  • Mentions Légales
  • « L.E.L., DERNIERS JOURS »
  • Projets et Manuscrits
  • « MARTIN »
  • Espace Libraires
  • « MOLOCH »
  • ONITSHA
  • Où acheter nos livres ?
  • « PASSEUR (LE) »
  • Classiques Francophones
  • « PAWANA »
  • Vagabondages
  • « PEUPLE DU CIEL »
  • Gradalis. Carnets de topoïétique.
  • « RONDE (LA) »
  • PROCÈS VERBAL (LE)
  • Regards Croisés
  • Essais / Bibliothèque Contemporaine
  • PROPHÉTIES DU CHILAM BALAM (LES)
  • Projectiles
  • QUARANTAINE (LA)
  • Jeunesse
  • RAGA : APPROCHE DU CONTINENT INVISIBLE
  • BD & Cie
  • RÊVE MEXICAIN (LE)
  • Carnets
  • RÉVOLUTIONS
  • Shop
  • « ROUE D’EAU (LA) »
  • Quartiers résidentiels / Quartiers intranquilles / Libres courts au Tarmac
  • « SAISON DES PLUIES (LA) »
  • Les Cahiers J.-M.G. Le Clézio
  • SISMOGRAPHE (LE)
  • VOYAGE À RODRIGUES
  • « TEMPÊTE »
  • « TRÉSOR »
  • « VILLA AURORE »
  • « ZINNA »
  • « ARIANE »

Categories

  • Accueil
  • Actu
  • Diccionario
  • Dictionary
  • Dictionnaire

Archive

  • juillet 2022
  • juillet 2021
  • mars 2021
  • juin 2020
  • mai 2020
  • août 2019
  • février 2019
  • octobre 2018
  • juillet 2018
  • novembre 2017
  • septembre 2017
  • octobre 2015
  • mars 2015
  • octobre 2014
© Copyright - Editions Passage(s)
  • Send us Mail
  • Join our Facebook Group
  • Subscribe to our RSS Feed