• Panier0.00 €
  • Connexion
  • Panier
  • Passer commande

Editions Passage(s)

  • La Maison
    • Présentation
    • L’Équipe
    • Espace Libraires
    • Projets et Manuscrits
    • Où acheter nos livres ?
    • Portfolio
  • Les Collections
    • Classiques Francophones
    • Vagabondages
    • Littérature(s)
    • Regards Croisés
    • Essais
    • Projectiles
    • Théâtre contemporain
    • Les Cahiers J.-M.G. Le Clézio
    • Esthétique(s) Jazz
    • Focale(s)
    • La Récolte
    • Escales
    • Hors-séries
    • Jeunesse
    • Gradalis
  • Lettre d’info
  • Dictionnaire J.-M.G. Le Clézio
    • VERSION FRANÇAISE
    • ENGLISH VERSION
    • VERSIÓN EN ESPAÑOL
  • Shop

Author Archive for: dominiquelanni

  • Join our Facebook Group
  • RSS

En attendant la rentrée…

this entry has 0 Comments/ in Accueil, Actu / by Dominique Lanni
30 juillet 2022

L’été est déjà bien entamé, et il reste un bon mois aux plus chanceux avant la rentrée. Les Éditions Passage(s) et la boutique seront fermés tout le mois d’août et ne rouvriront qu’à la date du premier septembre. L’occasion de lire, relire, découvrir, de courtes fictions de la collection Projectiles, Zèbres d’Anne-Laure Bonvalot, La Bâtarde de Trifonia Melibea Obono, Le Secret des saltimbanques de Geoffroy Larcher, Toutes les histoires que je connais de Dagny Gioulami, L’Honorable Alfred Urhenfeld de Georges Saint-Jean, L’Homme qui ne faisait rien de Mehis Heinsaar, et bien d’autres encore ; les nouvelles et romans de l’écrivain kényan Ngugi wa Thiong’o, les drames inédits de Paul Morand, publiés dans la collection Littérature(s), ou encore Grand souffle de Damien Robin et Mon Destin est d’être jaguar d’Alberto Mussa. Des. textes légers, drôles, cyniques, ou profonds, engagés, avec l’espoir de contribuer à changer (à notre modeste mesure…) le monde dans lequel nous vivons. C’est ce monde qu’a quitté l’immense Peter Brook le 2 juillet 2022. Par-delà les hommages qui lui ont été rendus et auxquels nous nous associons, nous tenons à saluer son extraordinaire générosité. Contacté par Loïs Oppenheim pour livrer une contribution à son riche volume En compagnie de Samuel Beckett, Peter Brook a accepté et offert un texte magnifique, sans nous demander quoi que ce soit en retour. Un geste à l’image de l’homme qu’il fut.

Anne-Laure

this entry has 0 Comments/ in Accueil, Actu / by Dominique Lanni
2 juillet 2021

D’ordinaire, notre premier message de l’an présente nos voeux les meilleurs… Nous souhaitons la santé, le bonheur, ce que chacune et chacun peut désirer. Cette année, le coeur n’y est pas et j’ai déjà trop différé l’écriture de ce message, car nous avons eu la tristesse et la douleur d’apprendre le décès d’Anne-Laure Bonvalot, auteure de Zèbres et traductrice de La Bâtarde, de Trifonia Melibea Obono. Lorsque nous avions lu le manuscrit de Zèbres, Nicolas et moi avions eu un coup de coeur. Et si nous avions attendu avant de le retenir pour publication, c’est parce que nous étions convaincus que ce texte allait être publié par une structure plus importante. Je me souviens encore du jour où je lui ai téléphoné pour lui annoncer la bonne nouvelle, et j’entends encore le bouchon d’une bouteille valser dans les airs… Dans une période difficile, Anne-Laure a eu à coeur de présenter son beau recueil, et de nous encourager à faire connaître l’oeuvre de Trifonia Melibea Obono. Elle a rejoint Passage(s) comme éditrice et fourmillait de projets. Elle m’a parlé de sa maladie, me rassurant toujours me disant que cela allait. Et je crois tellement en la science que j’ai fini par oublier que des maladies que nous pensons pouvoir vaincre triomphent hélas encore. A sa compagne, ses parents, nous présentons nos condoléances. La disparition d’Anne-Laure laisse un vide terrible. D.L.

Jacques Garelli, Mémoires fantômes, descendances durassiennes…

this entry has 0 Comments/ in Accueil, Actu / by Dominique Lanni
1 mars 2021

Chères lectrices, chers lecteurs,

En ce début d’année, nous avons le plaisir de vous présenter trois nouveaux titres : Sur l’orbe d’un trou noir, de Jacques Garelli, dans notre collection “Littératures”, Descendances durassiennes, un collectif dirigé par Catherine Rodgers, et Mémoires fantômes, par Stéphane Gödicke, dans notre toute nouvelle collection : “Escales”.

Il y a des êtres, des auteurs, qu’on découvre, dont on lit les oeuvres, et qu’on regrette de n’avoir pas connus, dont on se dit qu’on aurait appris, découvert à leurs côtés, parlé littérature… Tel était Jacques Garelli, disparu en 2014, qui fut philosophe, enseigna à Yale, à la New York University et à l’Université d’Amiens, dont nous publions un recueil de poèmes dont la famille nous a fait l’honneur de nous confier la publication et que Loïs Oppenheim a préfacé : Sur l’orbe d’un trou noir. Des rencontres, de courts voyages, des pensées, des interrogations… le tout formant une formidable invitation à découvrir ou redécouvrir l’univers de Jacques Garelli.

Dans Mémoires fantômes, qui inaugure notre nouvelle collection, “Escales”, Stéphane Godïcke se livre à une enquête familiale en même temps qu’à un examen d’identité, en remontant le parcours de ses grands-pères, le premier, Juif de Roumanie, rescapé de la Shoah, le second , Allemand de Hambourg, membre du parti nazi. Dans une écriture captivante, il analyse les rouages de “cet héritage contradictoire, fait de silences et de malentendus, et éclaire les zones d’ombre de la mémoire.”

Trois titres pour lancer l’année, trois univers, à découvrir et à vous procurer, sur notre site ou chez votre libraire !

D.L. & N.P.

 

Anaya, La Bâtarde, Zèbres… et “Projectiles” à l’honneur

this entry has 0 Comments/ in Accueil / by Dominique Lanni
26 juin 2020

Chères lectrices, chers lecteurs,

Nous sommes ravis, en cette fin d’année, de vous présenter Anaya, un superbe roman questionnant les racines et la filiation, signé Cécile Brochard, qui vous entraînera dans l’Amérique indienne. Un nouveau dépaysement pour ce onzième titre de “Projectiles”, notre collection dédiée aux fictions courtes, que vous pouvez vous procurer en pré-commande !

Ce billet est aussi l’occasion de vous inviter à découvrir, si ce n’est fait, nos autres titres de cette collection parus ces dernières semaines dans un contexte difficile, mais auxquels nombre de lectrices et de lecteurs ont déjà réservé un formidable accueil : La Bâtarde, de Melibea Trifonia Obono, auteure née en Guinée Équatoriale, premier roman à paraître en français dans une traduction de l’Espagnol d’Anne-Laure Bonvalot, féroce charge contre les traditions patriarcales et virulente défense de toutes les libertés ; Zèbres, d’Anne-Laure Bonvalot, recueil de nouvelles à l’écriture ciselée, dans lequel une enfant déambule, égrenant ses souvenirs minuscules et immenses, dans une grande ville africaine dont on ne connaît pas le nom, au large du Golfe de Guinée, faisant  émerger tout une communauté humaine à la croisée de ses récits loufoques, mystérieux ou poétiques ; A l’encre de Chine, les somptueuses fantaisies asiatiques de David Ravet, plongée dans les légendes de l’Asie millénaire et voyages inspirés dans l’Asie d’aujourd’hui ; Le Secret des Saltimbanques,  de Geoffroy Larcher, formidable roman nous entraînant dans le monde fabuleux du cirque, mais aussi dans les secrets de famille, rancunes et espérances des membres de tout un village, dans une langue alliant poésie et humour.

Les Fêtes de fin d’année approchant à grands pas, c’est l’occasion de découvrir ces titres ainsi que les autres titres de la collection : Vibrations Brasil, le recueil de nouvelles tout en rythme et couleurs concocté par Emilie Audigier ; l’irrésistible L’Homme qui ne faisait rien, de Mehis Heinsaar, traduit de l’Estonien par Antoine Chalvin ; les Lettres du Bhoutan et La Réunion du Conseil national de l’audiovisuel du 14 mars 1984 et son influence formatrice sur la sexualité de l’adolescent (tout un programme !) de l’inclassable Ragnar Helgi Olafsson, traduit de l’Islandais par Jean-Christophe Salaun ; Toutes les histoires que je connais, roman jubilatoire de Dagny Gioulami, traduit de l’allemand par Stefanie Lanni, ou encore Roméo et Juliette chez les nègres, recueil de nouvelles à l’humour grinçant que commit jadis votre serviteur…

Mille mercis à vous de pré-commander Anaya et / ou de commander l’un ou l’autre de ces titres, ou la collection complète (Faites-vous plaisir…) ! C’est grâce à vous, lectrices et lecteurs, que nous allons pouvoir continuer à partager nos coups de coeur, à promouvoir nos auteurs et à défendre cette littérature voyageuse, vagabonde, divertissante, militante, engagée en laquelle nous croyons. Ce billet ne serait pas complet cependant, si je ne remerciais tous les auteurs qui ont accepté de publier leurs textes sous notre banière en cette période, en attendant la réouverture permanente des librairies, le retour des lectures et signatures, ainsi que des salons non-virtuels… Mille mercis à eux aussi donc !

DL

Pré-commandez nos futurs titres !

this entry has 0 Comments/ in Accueil, Actu / by Dominique Lanni
9 mai 2020

Tout d’abord, nous vous espérons dans la meilleure des formes et avec le meilleur moral possible en cette période délicate.

Nous souhaitons ensuite remercier chaleureusement toutes celles et tous ceux d’entre vous qui nous ont commandés des ouvrages, et qui ont réservé un accueil triomphal au beau recueil Zèbres d’Anne-Laure Bonvalot. Nous redoutions que cette parution fût fracassée par la brutale nuit qui s’est abattue sur nous tous, et grâce à vous, il n’en a rien été. Un immense merci pour Anne-Laure ainsi que pour toute l’équipe des Éditions Passages !

Enfin, nous espérons que vous allez réserver le même accueil enthousiaste aux quatre titres que nous lançons en pré-commande : Le secret des saltimbanques, un extraordinaire roman, tout en poésie, signé Geoffroy Larcher ; L’Histoire labyrinthe, un faisceau de brillantes et érudites relectures de La Guerre du Péloponnèse par Thucydide, signée Francis Larran ; Fantaisies de John Ford, un recueil d’études inspirées et inspirantes dirigé par Frédéric Cavé et Damien Keller, invitations à redécouvrir une oeuvre qui est loin de se réduire à une galerie de Westerns ; Joseph Zobel, héritages, portées & modernité, dirigé par Axel Artheron et Jean-Georges Chali, recueil d’études stimulantes et novatrices sur un des auteurs majeurs des littératures antillaises.

Le principe de la pré-commande est simple : la pré-commande s’effectue via notre site. Vous pré-commandez l’ouvrage ou les ouvrages de votre choix, vous les réglez et ceux-ci vous seront envoyés sitôt qu’ils auront été imprimés et que nous les aurons reçus. Il faut compter entre 35 et 50 pré-commandes – selon de volume de l’ouvrage – pour lancer l’impression d’un livre. Aussi, si votre mobilisation pour ces titres est aussi forte et enthousiaste qu’elle l’a été pour nos autres titres durant le confinement, nul doute que nous lancerons très vite leur impression et que vous le recevrez d’ici peu dans votre boite aux lettres ! Vous recevrez un message pour confirmer votre pré-commande ainsi qu’un message pour vous informer du lancement de l’impression et de la livraison imminente.

Vous renouvelant nos remerciements, nous vous souhaitons de belles lectures, de belles découvertes, et surtout, de rester en vie !

 

En attendant la fin du confinement

this entry has 0 Comments/ in Accueil, Actu / by Dominique Lanni
11 août 2019

A l’instar de nos confrères, nos activités sont évidemment ralenties par le confinement. Par fortune – si tant est qu’on puisse employer ce vocable -, il vous est toujours possible de passer commande de nos ouvrages via notre shop en ligne, une partie de nos stocks se trouvant à Malte où les services postaux ne sont pas à l’arrêt. En ces temps de confinement, nous vous invitons à vous vider l’esprit en découvrant les recueils de nouvelles et fictions courtes de notre collection Projectiles, en commençant par le tout dernier titre en date, Zèbres, par Anne-Laure Bonvalot, et en poursuivant avec les autres titres , Roméo et Juliette chez les nègres, par votre serviteur, L’Homme qui ne faisait rien, par Mehis Heinsaar, Vibrations Brazil, concocté par Emilie Audigier, Lettres du Bhoutan et La Réunion du Conseil national de l’audiovisuel du 14 mars 1984 et son influence formatrice sur la sexualité de l’adolescent et autres histoires (un vrai programme !), par Ragnar Helgi Olafsson, ou encore Toutes les histoires que je connais, par Dagny Gioulami. Par ailleurs, pour tous ceux qu’anime le désir de repenser le monde d’une manière ou d’une autre, tous nos essais peuvent aussi être commandés, toujours via notre shop, dans l’attente de la réouverture des librairies.

Vous pouvez continuer de nous adresser vos manuscrits dès lors qu’il s’agit d’essais, de recueils de nouvelles ou courtes fictions au ton léger et à l’humour délicat ou grinçant. Nous vous lirons. Ne nous adressez en revanche PAS de projets de livres Jeunesse, de recueils de poèmes, de polars, de trilogies, de bandes dessinées, de projets de réédition ou de traduction d’écrivains plus ou moins illustres ou au génie injustement méconnu.  Et par pitié, ne nous adressez pas non plus de pensées, journaux et autres récits du confinement. Veuillez les adresser à nos confrères (et ne leur dites pas que c’est de notre part…)

Veuillez noter cependant que notre programme de publication de l’année 2020 est reporté aux années 2021-2022. Si nous retenons votre texte, vous devrez vous armer d’un peu de patience… Sur ce, belles lectures, belles découvertes, mais surtout, restez en vie !

Passage(s) à la Foire du Livre de Bruxelles

this entry has 0 Comments/ in Accueil, Actu / by Dominique Lanni
11 février 2019

Du 13 au 17 février, l’équipe et quelques auteurs des éditions Passage(s) seront présents à la Foire du Livre de Bruxelles pour rencontrer lecteurs, auteurs et amoureux des livres. L’occasion de présenter notre catalogue, riche d’une cinquantaine de titres, ainsi que nos six parutions de ce début d’année : Dans le sillage de Victor Segalen, un recueil d’études coordonné par Mathilde Poizat-Amar (“Essais”), Écrire l’indicible, un essai signé Anabel Apap sur la tragédie du Rwanda vue par le Collectif “Ecrire par devoir de mémoire” (“Essais”),  Outrages ordinaires / Monologue pour un dealer de ma rue, deux drames par la dramaturge suisse Julie Gilbert (“Libres courts au Tarmac”), Lili l’été / Le Pays brûlé / Deux semaines après l’éternité, trois textes dramatiques puissants par Patric Saucier, dramaturge, comédien et metteur en scène québécois (“Libres courts au Tarmac”), enfin, Combattants et martyrs, un recueil de nouvelles et Ne Pleure pas, mon enfant, son premier roman, par l’immense écrivain kényan Ngugi wa Thiong’o (“Littératures”). Bref, que du bonheur…

Maryse Condé, New Prize in Literature 2018

this entry has 0 Comments/ in Accueil / by Dominique Lanni
21 octobre 2018

Après l’annonce par la Svenska Akademien de la non remise du Prix Nobel de Littérature cette année, des libraires, universitaires et journalistes suédois ont eu l’heureuse et la folle initiative de créer un prix alternatif en appelant aux suffrages d’un jury international, sans distinction de nationalité, de sexe ou d’âge, avec une seul consigne : voter pour l’écrivain de leur choix dans une liste établie au préalable. Parmi les finalistes, les jurés à l’initiative de ce New Prize in Literature, destiné à demeurer unique dans les annales, ont décidé de couronner l’écrivaine martiniquaise Maryse Condé.

On appréciera l’ironie de la situation : en décernant ce sésame à  Maryse Condé, cette académie vient d’adresser un formidable et salutaire pied de nez à la la Svenska Akademien dont les choix de ces dernières années ont été des plus erratiques… En ces temps où la Francophonie est brocardée jusqu’aux plus hauts sommets de l’État, ce choix vient saluer la richesse et l’apport de la Caraïbe à notre littérature. Je ne m’étendrai pas ici sur les qualités de l’oeuvre de Maryse Condé. D’autres sont bien plus compétents que moi pour le faire. Ce à quoi je souhaiterais ici modestement rendre hommage, c’est à son immense générosité.

Lorsque Nicolas lui a écrit il y a deux ans pour lui demander si elle accepterait de rédiger une préface à une réédition de Frères Volcans de Vincent Placoly, Maryse Condé a aussitôt répondu par l’affirmative, lui confiant : “Je le dois à Vincent”. Quelques semaines plus tard, tenant sa promesse, elle nous adressait la belle préface que voici, intitulée “Adieu l’ami”, témoignage et belle invitation à découvrir ou redécouvrir l’oeuvre du romancier, du dramaturge et du militant martiniquais.

Dominique Lanni

“Il s’en est allé l’ami Vincent, Vincent Placoly. Cela fait un bon moment qu’il nous a quittés, qu’il est parti pour cette zone ombreuse dont nous ne savons rien et que nous peuplons des créatures de notre imaginaire. La vie dont on ne sort pas vivant, ainsi que le déclare un proverbe Bambara. Nous n’entendrons plus son grand rire, nous ne plongerons plus notre regard dans le sien, écoutant le feu de sa parole. Nous ne trinquerons plus avec lui le rhum de l’amitié. La dernière image que je garde de Vincent Placoly se situe à Rivière Pilote en Martinique, alors haut lieu d’un indépendantisme antillais, lors d’une soirée consacrée à Frantz Fanon qui nous inspirait à tous deux la même vénération. En ce temps-là il était encore délicat, voire dangereux, d’admirer ouvertement Frantz Fanon, et seul un groupe d’imprudents avait l’audace de décerner tous les deux ans un prix qui portait son nom. Pourtant peut-on dire que Vincent Placoly nous a quittés quand il nous a laissé ses romans, cette forêt de signes dans laquelle Petits Poucets, obstinés et tenaces, nous cherchons les cailloux blancs de sa trace.

Certes selon la conception répandue, la littérature est un lien qui ne meure jamais. Mais malgré leur apparence lisse et gracile, ils ne sont pas faciles à déchiffrer, les romans de Vincent Placoly et ils se prêtent à toutes sortes d’interprétations. Prenons le second, celui dont j’ai l’honneur de préfacer la réédition : Frères Volcans. Que signifie ce titre ? Est-ce un clin d’œil au grand Aimé Césaire qui tant de fois a souligné la force tellurique de notre terre, trompeuse sous son ciel bleu, sagement cernée par sa mer de même couleur, et cependant capable de ne faire qu’une bouchée de villes entières, Saint Pierre par exemple. Vincent Placoly n’a jamais caché sa profonde admiration pour le père de la Négritude.  Est-ce une référence plus étroitement sociétale à l’époque dont il est question dans le livre, à ces bouleversements consécutifs à l’abolition de l’esclavage qui imprimèrent une nouvelle forme à « la colonie » ? Ou bien faut-il y voir une métaphore plus simple englobant à la fois la nature et les êtres humains dans leur proximité les uns avec les autres ?

Dès la première page le livre étonne. En effet il est impossible de définir le planteur blanc qui parle à travers ces pages et tient ce journal. Ce Béké-là ne ressemble pas aux autres ou du moins à l’image que nous nous faisons de ceux de sa caste car c’est bien connu, nous sommes constamment victimes d’idées et d’images reçues. Nous bâtissons les individus en fonction de leur origine sociale et de traits extérieurs à leur vérité intime. Ce Béké-là est instruit, voire érudit, sa famille lui ayant légué une bibliothèque dont il ne cesse de se repaître. Son journal est donc une série de jugements portés sur des écrivains dont nous avons, il faut l’avouer, plus ou moins perdu le souvenir. Poètes, philosophes, essayistes sortent de l’oubli comme leurs œuvres sont cernées par un regard toujours critique. Cela confère à notre planteur un secret mépris pour ceux qui l’entourent, mépris qui transparait à son insu dans sa façon de s’adresser à eux.

Ce n’est pas là cependant la principale étrangeté de notre héros. Si ainsi que tous les hommes de son temps, il croit en la notion de race et en la supériorité de la race blanche à laquelle il appartient, il n’en est pas moins vrai qu’il se fait l’écho de doutes singuliers à cette époque. Il n’est pas loin d’apprécier les nègres quand il est question de leur rapport à la maladie et à la mort, caractéristiques qui à ses yeux rachètent bien de leurs faiblesses. Il crée avec sa vieille servante, Nemorine, et avec ses serviteurs un réseau d’alliances ambigües où il n’est pas toujours l’élément dominant. Il est à l’affût du surnaturel et avide d’y avoir accès. Il va jusqu’à imaginer un monde où les esclaves ne seraient pas. Il n’est pas enfermé, à notre surprise, dans un sentiment de supériorité raciale, satisfait et béat. Au contraire, il est relativement ouvert à cette abolition et aux changements qui se préparent.

Frères Volcans est également une peinture acide de la colonie, de la condition féminine surtout. L’œil de ce Béké, si peu conforme à la vision que nous en avons, est sensible aux mutilations qu’impose aux femmes la société coloniale blanche, responsable de leur vacuité et de leur vanité à la fois. Grand consommateur de la gente féminine il est bien placé pour en comprendre les multiples facettes et pour les décrire avec un humour toujours percutant.

Cependant l’aspect le plus attachant de ce livre, son passeport pour l’éternité, est qu’il contient une réflexion profonde sur la maladie, la vieillesse et la mort. Notre Béké est souvent malade et parle avec subtilité de la tristesse qui envahit chacun d’entre nous à voir son corps cesser de le servir docilement. Il est constamment engagé dans un dialogue semi-moqueur avec son médecin et ami, Raff. Il ne néglige pas non plus les remèdes de sa servante, Nemorine, qui à ses yeux sont des potions magiques, de petits morceaux de cet au-delà qui le fascine. Sous ces diverses injonctions son corps guérit mais il ne peut repousser la hantise de la vieillesse, ce naufrage contre lequel on ne peut rien, et de la mort qui tôt ou tard s’approchera de nous et nous emportera avec elle.

Qu’est-ce que la mort ? La question est aussi vieille que le monde. Les religions, et en particulier la Catholique, ont tenté de lui offrir une réponse qui devient de moins en moins convaincante. Loin est le temps où toute œuvre d’art tournait autour de sujets religieux : Annonces faites à Marie, Nativités, Résurrections. Les scientifiques, quant à eux, nous exposent des points de vue qui ne nous satisfont pas. Certains en sont à nous proposer des voyages dans l’au-delà. Notre héros sait qu’il est parvenu au bout de sa course, sur le point d’entreprendre un voyage qui n’a pas de retour et qu’il est fort incapable de définir.

Toute la beauté, toute la richesse de Frères Volcans vient de la tristesse cachée entre chaque mot, chaque phrase, chaque page. Ce journal de planteur, expression banale et courante, se révèle en fin de compte une méditation personnelle sur l’issue de la vie. Ainsi que nous l’avons dit, si notre héros ne considère pas les nègres avec le total mépris qu’il leur est généralement réservé, c’est qu’ils ont, croit-il, une intimité avec la mort. Par « intimité » nous entendons une facilité d’accès, une façon de s’en accommoder et d’en faire une part de leur vécu.

Il faut à présent souligner le style de Frères Volcans. C’est résolument un style d’emprunt. Voilà qui risque de faire bondir les critiques qui pensent que le style de l’écrivain doit lui être aussi naturel que le souffle vital. Voilà qui risque de chagriner les écrivains qui caressent un vieux rêve : celui d’être reconnu par le choix des mots, la tournure d’une phrase, la sélection des métaphores. Ecrivant en pleine querelle des partisans de la Créolité, Vincent Placoly réalise le tour de force de ne donner des gages à personne et de prouver que l’écrivain peut être le seul maître de son style. Il se glisse parfaitement dans la vêture d’un planteur blanc, bien pensant et qui se veut intellectuel. Avouons que parfois cette vêture se déchire et que surgissent des commentaires à la fois cocasses et solennels.

A la lecture de ce livre, mille questions m’ont assaillie. Peu soucieuse d’écoles et d’influences je regrettais, et c’était là un regret poignant, de ne m’être pas davantage entretenue avec Vincent Placoly, de n’avoir jamais pensé à lui poser les questions essentielles, d’avoir réduit notre amitié à quelques sourires et à des phrases convenues et sans profondeur.”

Maryse Condé, New Prize in Literature 2018

 

 

Proust au Noir. Los Angeles : une fiction proustienne

this entry has 0 Comments/ in Accueil / by Dominique Lanni
24 juillet 2018

Que reste-t-il d’À La Recherche du Temps Perdu un siècle après sa parution? Un siècle après l’érosion des pluies acides de la critique? Un précipité noir. Noir comme un roman noir. Dans La Recherche, le crime est symbolique. Les meurtres se font en série. Chronique de la mort annoncée d’un auteur, de la noblesse, d’une France féodale, monarchique, catholique et rurale, La Recherche propose une enquête et Marcel est son détective. Cet essai propose une nouvelle recherche sur La Recherche à travers la légende noire de la couleur noire. L’histoire alternative d’une couleur pas seulement élémentaire mais aussi complémentaire, qualité commune à deux éléments hétérogènes : la littérature et le cinéma. Un essai à double équation où le cinéma se lit au grand jour et la littérature se voit dans le noir. Un essai à la recherche d’une inconnue à variables multiples qui se dévoile presque nue, ici sur la faille, quelque part près du Pacifique, à Los Angeles.

 

Dominique :  Qu’est-ce qui est à l’origine de cette audacieuse lecture de l’oeuvre de Proust ?

Fanny : Une conversation un dimanche au musée avec un ami et puis un projet de lecture hebdomadaire et collective de la Recherche dans un parc de Los Angeles (qui a donné lieu à un article dans la Los Angeles Review of Books en 2013).

Dominique : Comment Proust a-t-il perçu le cinéma et quels ont été ses relations avec ce nouveau mode d’expression ?

Fanny : Les relations de Proust avec le cinéma ont été ambivalentes. Rejetant un cinéma réaliste de ‘notations’, il préfère, comme la littérature, un cinéma de l’intime, qui dévoile la vision intérieure, ce ‘livre intérieur’ dont l’artiste est pour lui le seul traducteur.

Dominique : Quel réalisateur pourrait, à ton avis, livrer une transposition contemporaine de La Recherche ?

Fanny : Visconti est mort avant de pouvoir réaliser une adaptation de la Recherche qu’il considérait comme l’un de ses plus ambitieux projets. J’aime énormément l’adaptation du Chilien Raoul Ruiz du Temps Retrouvé qui a su brillamment traduire à l’écran toute la richesse et la profondeur poétique de l’image proustienne. L’adaptation de Chantal Hakerman de la Captive fut aussi remarquable. Parmi nos contemporains, je pense à François Ozon ou encore Christophe Honoré. Une adaptation libre de Proust au Noir par Sofia Coppola ou Guillaume Canet serait aussi intéressante !

 

Fanny Daubigny est auteur et traducteur. Elle a publié de nombreux articles sur Marcel Proust et est spécialiste des littératures françaises et francophones du 19e et 20e siècle. Elle réside à Los Angeles, cité des anges et ville du crime.

Place aux boréales ! Cinq questions à Ragnar Helgi Olfasson…

this entry has 0 Comments/ in Accueil, Actu / by Dominique Lanni
22 novembre 2017

Plasticien, éditeur, écrivain, concevez-vous ces activités comme un tout ou comme des moyens d’expression séparés ? 

C’est une bonne question. Je me considère plutôt comme un artiste qui écrit plutôt que comme un écrivain qui fait de l’art. De même pour l’édition, j’aborde ce pays de l’art en essayant – presque –  de passer en contrebande certaines des idées de l’art contemporain dans le processus d’édition des livres, depuis leur écriture jusqu’à leur édition effective. 

J’ai grandi dans l’édition. Mes parents étaient éditeurs, alors évidemment j’ai fait le vœu de ne jamais publier de livres. Ainsi, lorsque nous avons ressenti le besoin de lancer Tunglið forlag (Editions de la Lune), j’ai dû trouver un moyen de travailler différemment. 

Pour l’écriture, c’est pareil. Quand j’ai commencé à écrire sérieusement, j’ai dû trouver un nouvel angle d’écriture. Strictement parlant, je passe beaucoup plus de temps à écrire et à travailler avec la poésie qu’à faire de l’art visuel, mais je sens que je fais de l’art plutôt que de la « littérature traditionnelle », pas nécessairement parce que le résultat est différent de cette littérature, mais plutôt parce que mon attitude est plutôt celle d’un artiste. Bien sûr, je fais de grandes généralisations. 

Peut-être est-ce parce que l’art contemporain est marginal dans la culture d’aujourd’hui, ce que je trouve d’ailleurs merveilleux. En ce sens, il est semblable à la poésie. Personne ne sait ce que c’est. Et peu de gens s’en soucient, et même ceux qui s’en soucient ne savent pas ce que c’est. Cela crée un vide énorme, un beau vide plein de liberté. Donc, j’essaie de venir à l’écriture du point de vue de l’artiste visuel. Le résultat pourrait ressembler à de la littérature normale, je ne sais pas, mais j’ai tendance à penser que le processus de fabrication est légèrement différent de la façon traditionnelle avec laquelle la plupart des livres sont écrits. 

Les arts visuels me permettent d’explorer certaines choses liées à la temporalité, à la performativité : des concepts que la littérature a tendance à nier. Il y a le fait que le temps passe, par exemple, et l’idée d’un « après » éternel – ce concept que la littérature met encore plus en relief que ne le fait l’art visuel contemporain. Il y a cette idée classique que l’art peut exister hors du temps, et il y a le concept de la bibliothèque, et l’idée que le livre est en quelque sorte figé dans le temps et dans l’éternité. C’est ce genre d’idées que je défie souvent dans mon art visuel, et ce défi prend forme quand je passe à l’écriture et à la publication. 

Quand nous avons commencé Tunglið Dagur Hjartarson, j’ai eu le sentiment que, lorsque les gens publiaient des livres, ils plantaient des arbres, pleins d’espoirs. Et qu’ils grandiraient comme un arbre dans le futur. Ce que nous voulions faire, avec les Livres de la Lune, c’était de condenser l’énergie de ce processus en un petit moment. Nous ne voulions pas que la publication d’un livre soit comme planter un arbre, mais comme tirer l’épingle d’une grenade à main. 

 

Vous avez vécu en France, à Aix, lorsque vous étiez étudiant aux Beaux Arts. Quelle est votre relation avec la culture française ?  

Eh bien, clairement, j’ai un amour profond pour la France. J’aime autant les défauts de la France que ses cadeaux. Cela me fait penser que, peut-être, mon amour pour la France est “l’amour vrai”, comme on dit dans les paroles de chansons pop. Je suis arrivé en France vers la fin de la vingtaine en envisageant d’obtenir un doctorat en philosophie. Le système universitaire de l’époque (avant l’Euro-Standardisation) n’accordait pas de valeur à 100% à mon diplôme de « licence » islandaise et ils voulaient que je prenne des cours préparatoires avant de m’inscrire en doctorat. J’ai réussi (à force de travail) à me faire insulter à cause de cela et l’ai utilisé comme excuse pour quitter la philosophie et entrer en école d’art. J’ai passé trois ans en France, principalement dans le sud, Aix-en-Provence et Marseille. J’ai donc une dette envers l’efficacité inflexible de la bureaucratie française. Elle m’a sauvé en étant elle-même : difficile. 

Cependant, même si mon français est toujours de la « merde », j’aime toujours le parler. 

Être un Islandais signifie que vous venez d’un endroit qui n’existe pas vraiment. Cela a changé évidemment ces dernières années, mais quand je grandissais, l’Islande ne faisait pas vraiment partie du monde. Les grands théorèmes, l’art, la guerre, l’histoire et surtout la tradition, c’était le genre de choses qui se passaient ailleurs. Quand vous voyagiez à l’étranger, personne ne savait d’où vous veniez, l’Islande n’était pas cool. Personne ne savait où c’était, et plus important encore, personne ne s’en souciait. J’ai grandi dans une culture très islandaise, mais j’avais une envie secrète de ces “trucs exotiques” comme la “Western Culture”. Je ne pense pas vraiment que les Islandais font partie intégrante de cet ensemble mathématique. D’une certaine manière, j’ai toujours eu le sentiment qu’un Islandais avait besoin de se faufiler dans le « musée de la culture occidentale », à la faveur de l’obscurité, et de s’échapper avant le lever du jour, un peu comme un voleur. Nous ne sommes pas des visiteurs normaux dans ce musée, et n’en sommes certainement pas des conservateurs ou même des concierges. C’est en quelque sorte limitatif, mais aussi très libérateur. Car, évidemment, un voleur est plus libre qu’un homme aux mille métiers. Vivre en France était un peu comme camper dans ce musée. Je m’attendais toujours à ce que l’on me dise : « Emparez-vous de cet homme, il n’a pas le droit d’être ici ! » 

 

Lettres du Bhoutan est un texte très court. Quelle est l’idée de départ ? L’écriture en a-t-elle été simple ? 

 

Ce livre est né comme un petit poème en prose dans mon premier recueil de poèmes (“Une consolation à ceux qui ne se trouvent pas dans le présent”). C’est une sorte de chanson blues, triste et pathétique, mais aussi légère et pleine d’absences. Le « sentiment » du livre était déjà dans ce poème. J’ai eu l’idée de l’utiliser comme une sorte de laboratoire pour deux ou trois choses auxquelles je pensais : « les lacunes » (le fait d’être un peu obsédé par le vide) et le style de l’esquisse. J’ai écrit la moitié dans un décembre sombre en Islande, en quelques jours. Le printemps suivant, mon co-éditeur à Tunglið forlag m’a dit que nous devions le publier à la prochaine pleine lune : j’ai donc commencé à écrire à nouveau le jour de la nouvelle lune et, deux semaines plus tard, il a été publié. Mais, même si le livre a été écrit sur papier assez rapidement, paradoxalement, il m’a fallu toute une vie pour l’écrire, comme on dit. 

Je voulais essayer d’écrire un livre où l’écriture serait une expérience agréable. Je voulais que ce soit “léger”, non pas que ce ne soit pas sérieux, mais “léger” dans le sens contraire de « lourd », que le résultat ne sente pas la transpiration. Je suis friand d’œuvres d’art qui ont cette qualité, qui ne sentent pas le “travail”, el « labeur ». D’une certaine manière, je voulais voir si je pouvais écrire un livre avec la même attitude avec laquelle je danse ou avec laquelle je vais observer les oiseaux, pour leurs intérêts propres : je voulais écrire sans but. 

 

“La Réunion du conseil, etc.” est un recueil de nouvelles. Où puisez-vous votre inspiration pour écrire celles-ci ?  

 

Ces histoires ont vu le jour il y a plusieurs années. Certaines sont des projets secondaires ou sont des compléments d’installations artistiques, d’autres sont des poèmes qui sont devenus gros. Certaines d’entre elles ont été écrites rapidement, comme un poème. Parfois – souvent, quand je suis à la piscine –  j’ai le sentiment que quelque chose pourrait être une bonne idée et je rentre l’écrire, tout de suite. Ce n’est que par la suite que ce que j’écris peut commencer à me donner un sens théorique ou artistique clair – ou non. En ce sens, même si cela peut paraître contre-intuitif, l’écriture est moins cérébrale que les arts visuels. Je n’écris pas si je ne veux pas écrire ou ne sais pas quoi écrire. J’ai beaucoup d’autres choses à faire, donc ce n’est pas un problème. Fondamentalement, j’écris seulement quand j’ai une idée ou un sentiment, et je me dis “Oh oui, je dois en arriver là.” Et puis j’essaie d’y arriver aussi vite que possible. Sinon, le perfectionnisme commence à faire obstacle, les choses commencent à devenir encombrées et moites et je passe à autre chose. Pourtant, j’avoue que je prends l’écriture très au sérieux, je prends l’art très au sérieux. Comme le dit le poète islandais Sigurður Pálsson: La beauté n’est pas un ornement, c’est l’essence de la vie. Et je suis d’accord. 

Bien sûr, il y a toujours une dualité. Pour la plupart des artistes, il y a ce moment de création puis ce moment de réception. Il y a un double processus en cours ; peut-être pas à chaque instant, mais minute après minute, vous pouvez être entre les deux moments. Vous écrivez quelque chose, revenez en arrière, pensez « hmmm, qu’est-ce que ça veut dire ? » Et vous continuez. Vous voulez être surpris par vos propres œuvres, du moins c’est ce que je fais. Je veux apprendre quelque chose. 

 

Vous êtes d’Islande, île sur laquelle vous vivez et créez. En quoi ces deux parutions pourraient-elles être considérées comme l’expression d’une “modernité islandaise” ? 

 

C’est une question difficile. Et celui que je suis n’est peut-être pas la personne la mieux qualifiée pour répondre. D’une certaine manière, je ne me sens pas appartenir à la culture actuelle en Islande (ou ailleurs d’ailleurs), mais encore une fois : peut-être que c’est l’une des caractéristiques déterminantes de la sensibilité d’aujourd’hui. Je ne suis pas sûr. D’une certaine manière, je m’inspire de l’époque comme la même personne, à l’instar du poète Jónas Hallgrímsson, étudie la lune scientifiquement pendant la journée et écrit ensuite, la nuit, de la poésie épique à son sujet. Je ne sais pas si c’est une attitude très contemporaine : mais au moins, il y a clairement le désir de prendre des symboles du contemporain littéralement la moitié du temps, si cela a du sens. 

Mais bien sûr, j’écris dans une tradition (j’ai mon Halldór Laxness, mon Gyrðir Elíasson …) qui s’étend jusqu’aux sagas. Cela influe bien sûr mon écriture. Les livres que l’on a lus s’écrivent à nouveau à travers nous, tout comme le langage se parle à travers le locuteur. Alors oui, cela influe mon écriture, et la météo, que je le veuille ou non. 

Et il faut aussi admettre que nous avons, en Islande, une forte tradition du mot. L’art visuel n’a été introduit en Islande qu’au XXe siècle. Il en va de même pour beaucoup d’autres formes d’art où la tradition est, sinon inexistante, au moins très mince. Cela vaut pour la musique, par exemple. Et l’architecture aussi. La plus vieille maison d’Islande n’a même pas 200 ans, même si les gens y vivent depuis mille ans. J’imagine donc que ce mélange de richesse et de pauvreté de la tradition a un impact. Et, bien sûr, il y a d’autres éléments comme l’espace, le vide de nombreuses parties de ce pays, les particularités de cette micro-langue et ainsi de suite. Cela pourrait également entrer en jeu. Mais encore une fois, il est difficile de parler de caractéristiques ou de particularités nationales ces jours-ci, non seulement à cause des événements politiques difficiles mais aussi plus factuellement: j’ai lu la même littérature postmoderne, j’ai vu les mêmes Simpson et j’ai étudié la même philosophie que les gens de ma génération à Nantes ou à Phoenix, en Arizona. 

Il y a une scène artistique vibrante en Islande, je m’en sens partie prenante et je m’en nourrie. Toutefois, cette nourriture ne signifie pas nécessairement qu’il existe des similitudes stylistiques entre artistes, entre musiciens et écrivains. Je pense que l’une des forces de la scène artistique islandaise réside dans le dialogue entre les musiciens et les artistes visuels et ainsi de suite. D’une manière étrange, cette force vient aussi du fait que la scène artistique est si ridiculement petite et sous-financée qu’il y a un fort esprit de bricolage. Si bien que les gens s’entraident et collaborent. Je joue de la guitare dans ton show et tu prends soin de la basse de mon concert, si tu vois ce que je veux dire. Le marché est minuscule et le financement de l’État est limité. Il n’y a fondamentalement pas d’argent investi. Et, bien sûr, cela a des effets négatifs, mais aussi des effets positifs : par exemple, la concurrence entre les artistes devient ridicule. Que feriez-vous en compétition ? Il n’y a rien à obtenir. Il y a donc une sorte de beauté à n’avoir aucun financement. 

De près chaque roche que vous regardez est différente, ce n’est que de loin que vous voyez les similitudes. Je vis de près, entre les roches, donc je ne sais pas comment mon travail est représentatif de la « littérature islandaise contemporaine ». Peut-être devriez-vous demander à quelqu’un comme mon traducteur Jean-Christophe Salaun. Je pense qu’il aurait une meilleure réponse que moi. 

 

Propos recueillis et traduits (comme il a pu) par Nicolas Pien

 

Page 1 of 212

Archives

  • juillet 2022
  • juillet 2021
  • mars 2021
  • juin 2020
  • mai 2020
  • août 2019
  • février 2019
  • octobre 2018
  • juillet 2018
  • novembre 2017
  • septembre 2017
  • octobre 2015
  • mars 2015
  • octobre 2014

Interesting links

Besides are some interesting links for you! Enjoy your stay :)

Pages

  • “BRETON SONG” followed by “CHILD AND THE WAR (THE)”
  • “HAZARAN”
  • “PAWANA”
  • “PEOPLE OF THE SKY”
  • “SECRET LOVE”
  • Africa
  • África
  • Amor secreto
  • Angoli Mala
  • Avant-propos
  • BIAFRA (GUERRE DU)
  • Canción bretona, seguido de El niño y la guerra
  • CHAGOS (ARCHIPEL DES)
  • CHAGOS (ARCHIPEL DES) MàJ 2022
  • Chagos Archipelago (the)
  • Cristeros
  • DESERT
  • Dictionnaire J.-M.G. Le Clézio
  • Ficticios
  • Fictifs
  • Fictional characters
  • Foreword
  • FRIDA KAHLO
  • Hazaran
  • Hinduism
  • Mexico
  • Muralismo
  • Novelas
  • Novels
  • Profecías del Chilam Balam (Las)
  • Prólogo
  • Pueblo del cielo
  • Romans
  • Royal College Curepipe
  • Urania
  • « SECRET LOVE»
  • AFRICAN (THE)
  • America
  • América
  • BIrds (Mauritius)
  • CANNE À SUCRE
  • Flat Island
  • Haï
  • MALINCHE (LA)
  • Novelas cortas y textos cortos
  • Obras
  • Oeuvres
  • OURANIA
  • Personas Reales
  • Personnes réelles
  • Portfolio
  • Real people
  • Short stories
  • Translators and Authors
  • Volcan Paracutin
  • ADAM POLLO
  • Afrique
  • ALEXIS
  • Asia
  • CIPAYES (RÉVOLTE DES)
  • DIEGO AND FRIDA
  • Ensayos
  • Essays
  • Ethnologiques
  • Island of Rodrigues
  • Nouvelles et textes brefs
  • Personajes
  • Personnages
  • Sirandanes
  • Sueño Mexicano
  • Works
  • Amérique
  • BARRAGÁN (LUIS)
  • Characters
  • CHAUVE-SOURIS
  • Escales
  • Essais
  • GIANTS (THE)
  • Lieux
  • Lugares
  • Sugar cane
  • AFRICAIN (L’)
  • Asie
  • BAUDELAIRE
  • COSTUMBRISME
  • HAÏ
  • Hors-séries
  • Léxico
  • Lexique
  • Places
  • ALMA
  • Bibliografía
  • Bibliographie et abréviations
  • CAILLIÉ (RENÉ)
  • CRISTEROS (GUERRE DES) OU CHRISTIADE
  • Europe
  • Glossary
  • La Récolte
  • PROSPECTOR (THE)
  • Auteurs
  • Bibliography and abbreviations
  • CHAZAL (DE) MALCOLM
  • CHIAPAS (LE)
  • DODO (LE)
  • Focale(s)
  • ONITSHA
  • Traductores y Autores
  • « AMOUR SECRET »
  • Contributions
  • DARWICH MAHMOUD
  • ÉCOLOGIE
  • Nice
  • OURANIA
  • « ANGOLI MALA »
  • COLLÈGE ROYAL DE CUREPIPE (LE)
  • FINTAN
  • FLORE (Maurice)
  • J.-M.G. Le Clézio Dictionary
  • QUARANTINE (THE)
  • « CHANSON BRETONNE »
    suivi de « ENFANT ET LA GUERRE (L’) »
  • CHERCHEUR D’OR (LE)
  • Diccionario J.-M.G. Le Clézio
  • EURÉKA
  • HINDOUISME
  • HUMBOLDT (VON) ALEXANDER
  • RAGA
  • Esthétique(s) Jazz
  • GÉANTS (LES)
  • JADI
  • LANGAGE DES OISEAUX (LE)
  • MAURICE (ÎLE)
  • REVOLUTIONS
  • FRIDA KAHLO
  • GENS DES NUAGES
  • LANGUE BRETONNE
  • Littérature(s)
  • MEDELLÍN
  • WANDERING STAR (THE)
  • Bienvenue sur le site des éditions Passage(s) !
  • GUERRE (LA)
  • LETITIA ELIZABETH LANDON (L.E.L.)
  • LOUVRE (LE)
  • MEXICO
  • VOYAGE TO RODRIGUES
  • DÉSERT
  • LONGFELLOW
  • MORNE (LE)
  • MURALISME
  • Shop
  • DIEGO ET FRIDA
  • MALINCHE (LA)
  • NIGER (FLEUVE)
  • OISEAUX (MAURICE)
  • Panier
  • Checkout
  • MA EL AÏNINE
  • PACHACAMAC
  • PROSE POÉTIQUE
  • « ÉCHAPPÉ (L’) »
  • MENCHÙ RIGOBERTA
  • Mon Compte
  • PLATE (ÎLE)
  • SAINT-AUBIN-DU-CORMIER (BATAILLE DE)
  • « GÉNIE DATURA (LE) »
  • « GRANDE VIE (LA) »
  • ÉTOILE ERRANTE
  • La Maison
  • RATSITATANE
  • RODRIGUES (ÎLE)
  • SANDUNGA
  • HAÏ
  • Les Collections
  • RULFO (JUAN)
  • SAGUIA EL HAMRA
  • SIRANDANE
  • FLOT DE LA POÉSIE CONTINUERA DE COULER (LE)
  • L’Équipe
  • SENGHOR, L.S.
  • SÉOUL
  • SOUFISME
  • Lettre d’information
  • VOLCAN PARICUTIN
  • « HAZARAN »
  • Contact et suivi des commandes
  • INCONNU SUR LA TERRE (L’)
  • Mentions Légales
  • « L.E.L., DERNIERS JOURS »
  • Projets et Manuscrits
  • « MARTIN »
  • Espace Libraires
  • « MOLOCH »
  • ONITSHA
  • Où acheter nos livres ?
  • « PASSEUR (LE) »
  • Classiques Francophones
  • « PAWANA »
  • Vagabondages
  • « PEUPLE DU CIEL »
  • Gradalis. Carnets de topoïétique.
  • « RONDE (LA) »
  • PROCÈS VERBAL (LE)
  • Regards Croisés
  • Essais / Bibliothèque Contemporaine
  • PROPHÉTIES DU CHILAM BALAM (LES)
  • Projectiles
  • QUARANTAINE (LA)
  • Jeunesse
  • RAGA : APPROCHE DU CONTINENT INVISIBLE
  • BD & Cie
  • RÊVE MEXICAIN (LE)
  • Carnets
  • RÉVOLUTIONS
  • Shop
  • « ROUE D’EAU (LA) »
  • Quartiers résidentiels / Quartiers intranquilles / Libres courts au Tarmac
  • « SAISON DES PLUIES (LA) »
  • Les Cahiers J.-M.G. Le Clézio
  • SISMOGRAPHE (LE)
  • VOYAGE À RODRIGUES
  • « TEMPÊTE »
  • « TRÉSOR »
  • « VILLA AURORE »
  • « ZINNA »
  • « ARIANE »

Categories

  • Accueil
  • Actu
  • Diccionario
  • Dictionary
  • Dictionnaire

Archive

  • juillet 2022
  • juillet 2021
  • mars 2021
  • juin 2020
  • mai 2020
  • août 2019
  • février 2019
  • octobre 2018
  • juillet 2018
  • novembre 2017
  • septembre 2017
  • octobre 2015
  • mars 2015
  • octobre 2014
© Copyright - Editions Passage(s)
  • Send us Mail
  • Join our Facebook Group
  • Subscribe to our RSS Feed