RODRIGUES (ÎLE)

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Bibliographie et abréviations
Auteurs

L’île Rodrigues est située dans l’océan Indien à 650 kilomètres au nord-est de l’île Maurice par 19°40’ – 19°48’ de latitude sud et 63°20’ – 63°30’ de longitude est. Avec Maurice et La Réunion, elle fait partie de l’archipel des Mascareignes, en est la plus petite île et la plus isolée dans ce bout du monde austral. Selon Le Clézio, « L’île est semblable à un radeau perdu au milieu de l’océan Indien » (VR, 33). D’une superficie de 108 kilomètres carrés, elle mesure 18 kilomètres de long sur 8 kilomètres de large. Son pourtour est d’environ 80 kilomètres en raison de sa côte découpée en de nombreuses pointes, anses et baies. D’origine volcanique dans son ensemble et corallienne pétrifiée en son sud-ouest, l’île a un profil accidenté parsemé de pics et de monts basaltiques ainsi que de falaises escarpées, de ravins et de grottes. Ses vallées sont d’anciens lits de rivières souvent asséchées. Son point culminant, le Mont Limon, s’élève à une altitude de 398 mètres sur l’arête centrale qui traverse l’île en direction ouest-sud-ouest. Rodrigues baigne dans un immense lagon turquoise peu profond – dont la superficie lui est deux fois supérieure – ceinturé par des récifs coralliens et abritant de nombreux îlots. L’île a un climat tropical, que tempèrent les vents alizés du sud-est, ​​ et elle subit périodiquement des cyclones et des vagues de sécheresse.

Si l’on présume que Rodrigues, terre inhabitée, fut aperçue par les Arabes et les Indonésiens durant leurs périples indianocéaniques avant le neuvième siècle, elle ne se signala aux Occidentaux que lors de sa découverte le 4 février 1528 par le navigateur portugais Diego Rodriguez, d’où son nom. Les Hollandais l’occupent brièvement de 1601 à 1611 pour le ravitaillement de leurs navires, notamment en bois et en tortues. Mais ce sont les Français qui en prennent officiellement possession en 1638. Des huguenots fuyant la persécution à la révocation de l’édit de Nantes – François Leguat et ses sept compagnons –, sont les premiers colonisateurs français de l’île, débarquant le 1er mai 1691. Ils la quittent trois ans après, ne résistant pas à l’absence de femmes. « Parmi les livres de mon père », relate Alexis, « j’ai trouvé le récit de François Leguat et je lis les passages où il est question de la flore, du climat et de la beauté de Rodrigues » (CO, 170).

L’île reçoit la visite de l’astronome, mathématicien et abbé Alexandre-Guy Pingré, envoyé par l’Académie des sciences de France, pour l’observation du transit de Venus le 6 juin 1761 ainsi que pour la prise des coordonnées géographiques exactes de l’île. Elle est un repaire des pirates écumant l’océan Indien à l’époque des compagnies des Indes orientales aux XVIe et XVIIe siècles, d’où certaines croyances populaires tenaces à ce jour que de fabuleux trésors y seraient encore cachés.

Rodrigues devient une dépendance de la colonie de Maurice après la conquête de celle-ci par les Anglais en 1810 durant ​​ les guerres napoléoniennes. Faisant partie intégrante du nouvel État mauricien indépendant en 1968, Rodrigues bénéficie depuis 2001 d’un statut autonome au sein de la République de Maurice.

 

Avant sa colonisation par les hommes, Rodrigues bénéficiait d’un couvert forestier à la grandeur de l’île et abritait de nombreuses essences, dont le bois d’ébène et le bois puant (Foetidia mauritiana), de même que d’autres espèces endémiques aujourd’hui décimées ou totalement disparues, dont les tortues de terre géantes (Cylindraspis vosmaeri) et des oiseaux parmi lesquels le solitaire (Pezophaps solitaria), assez proche du dodo de Maurice, victimes de l’avidité des navigateurs de passage, des pirates et des corsaires, des colons, de ces « prédateurs de la mer des Indes » (VR, 41).

Rodrigues compte une population de quelque 42 000 habitants, dans sa grande majorité de type et de culture créoles, de foi catholique, à laquelle s’ajoutent quelques familles chinoises et plus rarement indiennes. Les Rodriguais sont essentiellement issus de quelques colons français de l’Isle de France (Maurice) et de Bourbon (La Réunion) venus s’y installer avec leurs esclaves malgaches et africains pendant la Révolution française. Durant l’esclavage et à son abolition par ​​ les Anglais ​​ en 1835, les marrons comme les affranchis se réfugient sur les hauteurs de l’île, pratiquant l’élevage et l’agriculture, alors que les colons, les métis et leurs descendants ont toujours occupé les côtes et s’y adonnant à la pêche. « J’ai appris à être une manaf, à vivre comme les marrons, en me cachant dans la montagne » (CO, 202) indique Ouma à Alexis, en lui rappelant aussi que son père « est manaf, Rodriguais des hauts » (CO, 206) et que son grand-père « était marron, avec tous les Noirs marrons du Morne » (CO, 228).

N’ayant jamais été une plantation coloniale en raison de son relief, longtemps oubliée et hors du temps, Rodrigues est demeurée fortement rurale et tournée vers la mer. Elle vit essentiellement de la pêche à la senne et au casier sur des pirogues à voile triangulaire, de la chasse aux poulpes réservée aux femmes (piqueuses d’ourites), d’un peu d’élevage (porcs, bœufs, chèvres, volailles) et d’agriculture traditionnelle (maïs, haricots, limon, piment, manioc, pistaches, fruit à pain, cultures vivrières, miel), d’artisanat (vannerie à partir de fibres et feuilles de vacoas et de lataniers, condiments, produits locaux) et récemment de tourisme vert en misant sur son authenticité, sur sa créolité, la plus homogène des Mascareignes, tout en accordant la ​​ priorité à la protection de son environnement.

L’île a pour chef-lieu Port-Mathurin, sur la côte nord, à la fois son modeste port, son ​​ centre commercial, son principal marché et son siège administratif. Son petit aéroport est à Pointe-Corail dans le sud-ouest. Le créole rodriguais est la langue de tous, le français est très présent et l’anglais est réservé à l’administration.

Dans Le Chercheur d’or et surtout dans son journal Voyage à Rodrigues, Le Clézio – qui a parcouru l’île et se réfère aux écrits de Leguat et de Pingré, de son grand-père Léon Leclézio*, ancien administrateur et magistrat de Rodrigues, de l’agronome mauricien Alfred North-Coombes – dresse un portrait singulier et essentiellement romanesque d’une île Rodrigues fantasmée « issue de la mer, portant sur elle l’histoire des premières ères » (VR, 23), au caractère rude, primitif et sauvage, « loin de la douceur de vivre de Maurice » (VR, 34). ​​ « Il y a quelque chose de dur dans ce pays, dur et hermétique » (VR, ​​ 22), écrit-il en indiquant que « Rodrigues est ce rocher désert, usé, brûlé, qui expulse les hommes » (VR, 33). Il accentue aussi les traits de son insularité : « Il y a ici une impression de lenteur, d’éloignement, d’étrangeté au monde des hommes ordinaires, qu’on doit trouver aussi à Saint Brandon ou à Aldabra » (VR, 34). Il souligne le caractère volcanique et minéral de son relief : « L’érosion extrême de la mer a modelé ces roches jaillies des profondeurs, les a usées, polies, vieillies, et pourtant reste sur chacune d’elle la marque du feu qui les a créées » (VR, 33). Confronté à ce « paysage de pierre noire, où blesse la lumière et brûle le vent. Paysage d’éternel refus » (VR, 71), il se tourne vers la mer et le ciel de Rodrigues qu’il décrit comme « libre, immense, vide d’hommes et d’oiseaux, loin des continents, loin des souillures des fleuves » (VR, 51). Durant sa quête, sur les traces rodriguaises de son grand-père, il affirme que la mer est « le seul lieu au monde où l’on puisse être loin, entouré de ses propres rêves, à la fois perdu et proche de soi-même » (VR, 51). Ce que Le Clézio semble retenir en fin de compte d’une île Rodrigues sublimée et en particulier de cette Anse aux Anglais où Alexis cherche le trésor, « c’est la pureté de ce paysage, si différent des lieux où vivent les hommes » (VR, 134).  ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​ ​​​​ 

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Jean Claude Castelain

 

*Les deux graphies existent dans la famille qui porte le nom Leclézio à Maurice et à Rodrigues.

 

 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BERTHELOT, Lilian, La petite Mascareigne : aspects de l’histoire de Rodrigues, La Tour Koenig, Centre culturel africain, 2002; IGN, Île Rodrigues, carte topographique au 1 : 50 000, Paris, Institut géographique national, 1982; LE CLÉZIO, J.-M.G., Le Chercheur d’or, Paris, Gallimard, 1985; Voyage à Rodrigues, Paris, Gallimard, 1986; LEGUAT, François, Voyages et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux îles désertes des Indes orientales, Amsterdam, Jean Louis de Lorme, 1708, tome premier (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040570n/f7.item), tome second (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040572g/f7.item); NORTH-COOMBES, Alfred, The Island of Rodrigues, Maurice, 1971; PINGRÉ, Alexandre-Guy, Voyage à Rodrigue, le Transit de Venus de 1761, la mission astronomique de l’abbé Pingré dans l’océan Indien, texte établi par Sophie Hoarau, Marie-Paule Janicon, Jean-Michel Rancault, Paris, SEDES - Université de La Réunion, 2004; SADDUL, Prem, rédacteur en chef, Philip’s Atlas of Mauritius (for E.V.S. and Social Studies), Maurice, Éditions de l’Océan Indien, Londres, George Philip Ltd., 1996; ST-PIERRE, Patrick, Trésor de Rodrigues : une découverte archéologique à Saint-François, Baie-du-Tombeau, lexpress.mu, 30 septembre 2019 (https://www.lexpress.mu/article/361767/tresor-rodrigues-une-decouverte-archeologique-saint-francois); VENKATASAMY, D. et MOREAU-LEGENDRE, C., Rodrigues, carte au 1 : 33 500, Londres, George Philip Ltd., 1992.

 

 

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​​ Lieux mentionnés dans Le Chercheur d’or et Voyage à Rodrigues

Port Mathurin et le lagon au nord

Vue vers Patate, Plaine Corail, le lagon et les îlots au sud

Les hauts, les monts et les ravins

Paysage de l’est et la barrière de récif en mer

Petit port de pêche à Baie Pistache

Plage de Fumier à l’est