COLLÈGE ROYAL DE CUREPIPE (LE)

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Bibliographie et abréviations
Auteurs

 

Établissement d’enseignement secondaire public réservé aux garçons, le Collège Royal de Curepipe est l’un des deux plus anciens collèges de Maurice. Il bénéfice d’une excellente réputation dans l’île, car il dispense une formation de qualité qu’atteste l’éloquente succession de lauréats (meilleurs finissants du cycle secondaire national) inscrits sur ses tableaux d’honneur. De nombreuses personnalités, constituant l’élite du pays, l’ont fréquenté et ont ainsi contribué à son prestige.

Dans Le Chercheur d’or, la mère d’Alexis évoque le sérieux du collège quand elle lui adresse ce reproche : « Tu n’écoutes jamais les leçons d’arithmétique. Tu ne pourras pas entrer au Collège Royal » (CO, 27). Son détestable cousin Ferdinand, fils du riche et odieux oncle Ludovic, y est alors pensionnaire (CO, 35).

Le Collège Royal de Curepipe, qui n’est pas un pensionnat, trouve ses origines durant la période où Maurice était l’île de France. Une École centrale avait été créée par les assemblées en 1791 à Port-Louis, la capitale. En 1803, le dernier gouverneur français de la colonie, le capitaine général Charles Decaen, transforma cette école en Lycée colonial, pensionnat destiné à l’enseignement supérieur et militaire des garçons des îles de France et Bourbon (La Réunion). En raison de l’hostilité des autorités en métropole, Decaen ne put lancer son projet similaire pour les filles.

À la suite de la conquête anglaise de l’île en 1810, le premier gouverneur britannique, Sir Robert Farquhar, changea par décret, en 1813, le nom du lycée en celui de Royal College, établissant par là même le statut public du collège placé sous la protection de la Couronne.

Bien que public, le Collège Royal demeura un temps dévolu aux fils de notables de l’île vu la stratification sociale de l’époque. Le journaliste et poète mauricien Rémy Ollier (1816-1845) lutta afin que tous aient accès au collège ainsi qu’à la bourse d’Angleterre offerte à ses lauréats pour étudier dans des prestigieuses universités britanniques.

En 1871, sous le rectorat de Charles Bruce, le Collège Royal port-louisien – qui existe toujours – ouvrit une annexe à Curepipe, destinée aux élèves de cette ville avoisinant Forest Side (CO, 91) sur le plateau central pluvieux et froid, où la bourgeoisie préféra s’installer à la fin du dix-neuvième siècle, délaissant le climat caniculaire de Port-Louis où sévissaient la malaria et une épidémie de peste.

Ce mouvement eut une incidence sur le développement du Collège Royal à Curepipe qui occupait alors un bâtiment construit en 1888 sur l’emplacement de la Mare-aux-Joncs. C’est vraisemblablement de ce bâtiment dont il est question dans Le Chercheur d’or (CO, 93 & al.), car, comme se souvient Alexis, « un soir du mois de novembre, juste avant le début du nouveau siècle, notre père mourut […]. On vint me réveiller dans le dortoir du Collège. » (CO, 101).

La pose de la première pierre d’un nouveau bâtiment eut lieu en 1912. Complété en 1913 et inauguré en janvier 1914, l’imposant édifice fut conçu par l’ingénieur Paul Le Juge de Segrais, ancien élève et lauréat de l’établissement, et construit en pierre de basalte bleu selon un style architectural lui donnant l’apparence d’un petit palais de Buckingham au centre de Curepipe. Le fronton du bâtiment arbore toujours la couronne royale qu’encadrent les lettres G et R (Georgius Rex), bien que Maurice soit devenue une république. Durant les années cinquante, de nouveaux bâtiments s’ajoutèrent à l’immeuble principal sans en altérer son cachet d’origine.

En 1919, le Collège Royal de Curepipe fut transformé en hôpital en raison de l’épidémie de grippe espagnole qui se propageait dans l’île. À l’entrée du collège, un cénotaphe, surmonté des statues d’un Tommy et d’un Poilu, fut inauguré en 1922 et dédié à la mémoire des soldats anglais et français de la Première Guerre mondiale.

Tout en demeurant réservé aux garçons, le collège a recruté ses premières enseignantes dans les années soixante et a célébré officiellement son centenaire en 2014 sous l’autorité d’une femme, la rectrice Chitra Awootar. Le Collège Royal de Curepipe est classé comme patrimoine national par l’État mauricien.

Le passage au collège s’avère une étape pénible et douloureuse dans la vie de l’adolescent Alexis, loin de la mer, de Mananava et de la maison du Boucan, « dans l’ombre froide et pluvieuse de Forest Side, puis au Collège Royal de Curepipe » (CO, 93). Il supporte difficilement ces années monotones d’isolement, « car la vie, dans le froid du Collège et de ses dortoirs, était triste et humiliante. Il y avait la promiscuité des autres élèves, leur odeur, leur contact, leurs plaisanteries souvent obscènes, leur goût pour les mots orduriers et leur obsession du sexe » (CO, 95). Cette vision répulsive d’un collège de garçons – qui est reprise dans Révolutions pour décrire le lycée fréquenté par Jean Marro (R, 42-46) –, trouve un écho dans une lettre que Le Clézio a écrite, en 1999, à un libraire de Nice* : « J’ai ressenti le lycée, surtout durant la période primaire-début secondaire comme une prison, dont je rêvais de m’échapper. »

C’est au Collège Royal de Curepipe que l’univers d’Alexis bascule inéluctablement lorsqu’on le conduit un soir « au bureau du principal, anormalement éclairé à cette heure » (CO, 101) pour lui annoncer le décès de son père. Accablé par « quelque chose d’incompréhensible et de fatal qui [nous] semblait un châtiment du ciel » (CO, 102), Alexis éprouve alors un sentiment de profond dénuement et de résignation au goût amer : « Ma bourse au Collège étant finie, je dus prendre un travail, et ce fut la place que mon père avait occupée dans les bureaux gris de W.W. West, la compagnie d’assurances et d’export qui était dans la main puissante de l’oncle Ludovic. » (CO, 102).

 

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

CABON, Marcel, Rémy Ollier, Port-Louis, Les Éditions mauriciennes, 1963 ; DE SORNAY, P., Historique des rues de la ville de Curepipe, Port-Louis, The Mauritius Printing, 1962 ; GIBLOT-DUCRAY, Charles, Histoire de la ville de Curepipe : notes et anecdotes, Île Maurice, Éditions Esclapon, 1957 ; LE CLÉZIO, J.-M.G., Le Chercheur d’or, Paris, Gallimard, 1985 ; Lettre autographe signée, 10 juin 1999, au libraire Jean-Pierre Rudin à Nice (ebay - galeriethomasvincent.fr, 2016) ; Révolutions, Paris, Gallimard, 2003 ; PIAT, Denis, L’île Maurice - Sur la route des épices, 1598-1810, Paris, Les Éditions du Pacifique, 2010 ; ROUILLARD, Guy, Histoire de Curepipe des origines à 1890, Curepipe, Société de l’histoire de l’île Maurice, 1992 ; ROYAL COLLEGE CUREPIPE, School history, (rcc.edu.govmu.org) ; ROYAL COLLEGE PORT-LOUIS, Brief historical background of the school, (rcpl.edu.govmu.org) ; TOUSSAINT, Auguste, Histoire des îles Mascareignes, Paris, Éditions Berger-Levrault, 1972 ; Documentation personnelle de l’auteur de l’article, ancien élève du Collège Royal de Curepipe.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Collège Royal de Curepipe

(photo J.C. Castelain)

 

 

Le cénotaphe à l’entrée du Collège Royal de Curepipe

(photo J.C. Castelain)

 

 

Le Collège Royal : l’annexe de Curepipe (1888 - 1912)

(photo : droits réservés Guy Rouillard et Société de l’histoire de l’île Maurice)