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Située à onze kilomètres du Cap Malheureux à la pointe nord de l’île Maurice, par 19° 52’ de latitude sud et 57° 39’ de longitude est, et d’une superficie d’environ 253 hectares, l’île Plate est le plus grand des îlots entourant Maurice. Elle constitue, notamment avec l’îlot Gabriel et Pigeon House Rock dans son voisinage immédiat, mais aussi avec le Coin de Mire, l’île Ronde et l’île aux Serpents plus au large, un singulier petit archipel océanique, car celui-ci se situe hors du lagon mauricien que ceinture un récif corallien.
L’île Plate vue de l’îlot Gabriel
Bien que relativement plate dans son ensemble, d’où son appellation, l’île est flanquée au sud-ouest d’une falaise escarpée qui culmine en de modestes pitons volcaniques de quelque cent mètres d’altitude et plonge abruptement dans l’océan.
Pigeon House Rock
Le narrateur de La Quarantaine, Léon Archambau, résume précisément ses origines géologiques : « Née de la formidable poussée volcanique qui a soulevé le fond de l’océan il y a dix millions d’années, l’île a d’abord été rattachée à Maurice par un isthme qui s’est lentement enfoncé dans l’Océan. » (Q, 53). Sur la partie la plus élevée de l’île, on y trouve un phare à tour circulaire – l’un des deux toujours en activité à Maurice – édifié en 1855 et dont la lanterne, automatisée depuis et alimentée par des panneaux solaires, a une portée lumineuse d’environ 45 kilomètres.
L’île aux Serpents et l’île Ronde vues de l’îlot Gabriel
L’île abrite les ruines d’un lazaret bâti durant la colonisation française en 1807, un cimetière, de même que les vestiges de constructions diverses d’une station de quarantaine installée par les Anglais au XIXe siècle. Comme suite à l’abolition de l’esclavage, les colonisateurs britanniques firent venir à Maurice, entre 1834 et 1925, des travailleurs engagés – les coolies – en provenance de l’Inde pour servir de main-d’œuvre abondante, corvéable et bon marché sur les établissements sucriers mauriciens, occasionnant par ce commerce d’êtres humains de très graves abus. Pour des motifs d’hygiène publique, les autorités locales obligeaient les nouveaux arrivants, et principalement les coolies traités comme des parias, à séjourner un certain temps dans les baraquements de l’île Plate du fait d’épidémies de variole et de choléra sévissant alors dans la péninsule indienne. Le narrateur écrit : « C’est Jacques qui m’a parlé du millier d’immigrants venus de Calcutta à bord du brick Hydaree, abandonnés cette année-là sur Plate en raison de la présence de variole et de choléra à bord. […] Presque tous ont succombé à la maladie, au dénuement. » (Q, 149). L’île servit plus tard de lieu de quarantaine pour le bétail importé à Maurice. Ayant aujourd’hui le statut de réserve naturelle, l’île Plate a été éradiquée des rats, souris et chats en 1998 et il n’y a plus aucun mammifère rongeur ou herbivore sur son territoire. Actuellement inhabitée, elle accueille une station temporaire de la garde côtière mauricienne ainsi que des visiteurs journaliers venus en catamarans. Sa flore endémique est importante et son couvert forestier d’espèces exogènes occupe une trentaine d’hectares. Des travaux de restauration de plantes indigènes et de lutte contre les espèces invasives y ont débuté en 2002. Le botaniste John Metcalfe, personnage du récit victime lui aussi de la quarantaine, consigne ses observations dans son « journal du botaniste » (Q, 60 & al.) qui ponctue le roman de ses savantes découvertes de variétés végétales et de plantes médicinales poussant réellement sur l’île.