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Bibliographie et abréviations
Auteurs

 

Medellín, capitale du département d’Antioquia, deuxième ville de Colombie après Bogotá, est appelée « la ville de l’éternel printemps », « la capitale de la montagne » ou encore « la petite tasse ». Située dans la vallée d’Aburrá au cœur de la cordillère des Andes et à environ 1500 m au-dessus du niveau de la mer, elle est traversée du sud au nord par le fleuve Medellín (ou d’Aburrá). La proximité de l’Équateur lui assure un climat tempéré (autour de 23° toute l’année). D’une superficie de 380 km2, dont 110 km2 de zone urbaine et 218 km2 de zone rurale, Medellín compte un peu plus de 3,8 millions d’habitants nommés « Medellinenses », ou plus communément, « paisas ».

 

Photo Yonay Pinto

 

L’histoire de Medellín remonte au XVIIe siècle. Les habitants de la vallée d’Aburrá étaient principalement des tribus indigènes telles les Yamesíes, les Niquías, les Nutabes et les Aburraes. Cette dernière tribu, la plus connue car elle porte le nom de la vallée, travaillait l’or et la céramique : des pièces de poteries et des éléments en pierre ont été retrouvés. Elle cultivait également le maïs et les haricots, actuellement encore base de la nourriture dans cette région.

Les premiers habitants s’étaient installés dans les parties hautes de la vallée pour mieux se défendre en cas d’attaque. Il existe également des traces archéologiques de chasseurs venus d’autres régions des zones tropicales, comme le Cauca et le Magdalena. Peu à peu ils se sont dispersés dans la vallée qui compte un grand nombre de fleuves, longtemps utilisés pour le transport de marchandises.

 

Photo Yonay Pinto

 

À l’époque coloniale, la vallée de Medellín a été vue pour la première fois en 1541 par des conquistadors partis à la recherche de l’or et dirigés par Luis Tejelo et Jorge Robledo, le fondateur de Santa Fe, première capitale de la région d’Antioquia. La vallée étant propice à ces colons, ils se sont établis avec Francisco Herrera y Campuzano pour fonder en 1616 la localité de San Lorenzo d’Aburrá, actuellement quartier du « Poblado [Peuplé] », l’un des plus chics de cette ville. Quelques années plus tard, fut construite la première église vouée à la Vierge de la Candelaria, nommée depuis Notre-Dame de la Candelaria d’Aná, du nom donné par les indigènes au ruisseau Santa Elena.

Les habitants ayant demandé au vice-roi de la Nouvelle Grenade de leur conférer un statut de ville, la reine Marianne d’Autriche leur accorda, le 2 novembre 1675, le titre de Ville de Notre-Dame de la Candelaria de Medellín. Par la suite le nom de Medellín a été donné en forme de remerciement à Monsieur Pedro Portocarrero, comte de Medellín, qui avait intercedé en faveur de sa fondation devant le Conseil des Indes. La population était alors composée de nombreux métis, de quelques blancs nés sur place, de quelques indigènes et d’un grand nombre d’esclaves. C’est à cette époque que furent nommés les premiers représentants et autorités de la ville.

La lutte a été âpre avec Santa Fe pour gagner, en 1826, le titre de capitale. Cependant en quelques décennies Medellín, devenue la région la plus peuplée, a su attirer les principaux commerces et s’ériger en centre d’affaires. Après l’indépendance de la Colombie en 1810, elle se révèle un centre commercial très dynamique, tout d’abord dans l’exportation de l’or et ensuite avec la production et l’exportation du café. Assurant le contrôle de l’industrie minière et du commerce de la région, Medellín a été la première ville de la Colombie à participer à la Révolution Industrielle avec l’ouverture des entreprises textiles, telle la Compagnie colombienne de tissus, Coltejer, créée en 1907 et dont le bâtiment, construit en plein cœur de la ville est désormais emblématique de la ville. L’activité artisanale se développe également, les artisans traditionnels se perfectionnant et se formant aux techniques européennes en particulier dans l’horlogerie, l’ébénisterie, la forge, la construction et la fabrication de chaussures et le travail du cuir. Parmi les articles en cuir représentant Medellín, citons « el carriel », une adaptation du « Carry-all » provenant des immigrants étrangers à l’époque de l’exploitation de l’or.

 

Photo Eugenia Gomez

 

Photo Yonay Pinto

 

Il faut en outre souligner les progrès de l’infrastructure : construction du chemin de fer d’Antioquia en 1899 et malgré les vagues de violence à l’époque, construction d’un métro en 1995, facilitant la circulation dans la ville. Aujourd’hui des lignes téléphériques se sont implantées permettant de relier la ville haute et les quartiers les plus défavorisés. Medellín est la seule ville de Colombie à offrir un système de transports en commun aussi développé.

Medellín a été également une ville entreprenante sur le plan éducatif, artistique et culturel, très influencée par le catholicisme, ce dont témoigne la création en 1803 de la prestigieuse Université d’Antioquia et l’ouverture de nombreux collèges catholiques. L’architecture coloniale de Medellín se réfère à l’architecture espagnole, mais ses constructions sont simples et discrètes. Les maisons étaient connues surtout pour leur confort et leurs patios. Il est encore possible de visiter « El Pueblito Paisa », un exemple de l’architecture et des commerces de l’époque, implanté en plein cœur de la ville.

 

Photo Yonay Pinto

 

Siège de grands événements culturels et sportifs, comme le Festival international de poésie, elle sert de cadre à de nombreux romans et contes d’auteurs tels Tomás de Carrasquilla, Manuel Mejía Vallejo. Les fêtes y sont nombreuses : Feria de la Moda, Feria de las Flores, un événement qui rappelle la tradition et les valeurs de la culture « paisa » avec les défilés des « Silleteros », devenus des symboles de la ville, et qui montre comment Medellín vit entre une tradition ancrée et la modernité.

 

Medellín est enfin un centre d’art et le berceau de grandes artistes, tels Pedro Nel Gómez (peintre, sculpteur), Luis Fernando Peláez, Marta Elena Vélez, qui a fondé le Musée d’Art Moderne, le plus célèbre de cette génération, Fernando Botero, connu par ses sculptures voluptueuses, exposées dans la ville, comme dans un Musée de plein air. La peinture des artistes « paisas » se trouve au Musée d’Antioquia, qui héberge aussi de grandes œuvres de Botero.

 

Mais il y a l’envers du décor : aux alentours des années 1980, Medellín a vécu une grande période de trouble en raison du trafic de drogue et de la violence déchaînée dans tout le pays par Pablo Escobar, représentant principal du Cartel de Medellín. Entré en guerre directe contre le gouvernement, il a ouvert une période très mouvementée, marquée par la mort de nombreuses figures politiques jusqu’à la fin de l’année 1993, où il a été tué à son tour. La ville du progrès a connu alors des perturbations et des violences sans précédent, mais aussi un grand essor du luxe grâce à l’argent lié au marché de la drogue. Ce qui a posé un problème sérieux, car les jeunes générations étaient prêtes à tout pour vivre dans le luxe et imiter les grands chefs du trafic des drogues. Un grand travail a été entrepris pour restaurer les valeurs éthiques et le prix de la vie. Le gouvernement du département a investi dans de nombreuses bibliothèques et des centres de formation dans les zones les plus défavorisées.  ​​ ​​​​ 

 

C’est le Medellín de cette époque violente que décrit J.-M.G. Le Clézio dans Hasard (1999) dont le héros Moguer, un cinéaste, aime se rendre dans les « mauvais quartiers » animés par « la foule de toutes les couleurs criarde, violente à l’odeur âcre et acide » (Ha, 180-181), où l’on danse des « cumbias » au milieu des « loterias » (sorte de jeux de loto) (Ha, 208). Si la ville est charmante, elle est aussi envahie par les problèmes de la drogue, de la pauvreté, de la prostitution, du tourisme sexuel, incarnés par le personnage de Maté surnommée « La Chabine », cette jeune fille envoûtante, cette « femme-fée » recrutée par Moguer pour être l’héroïne de son film Un Cyclone à la Jamaïque. C’est Maté qui fait découvrir à Moguer les rues de Medellín, les différents quartiers : « Elle habitait une maison basse en briques sèches, avec un petit jardin poussiéreux à l’arrière » (Ha, 202). « Ils avaient roulé en taxi dans les rues de la ville, à travers les collines où habitaient les riches, des grandes maisons blanches à colonnes et des jardins envahis de bougainvillées » (Ha, 202). C’est dans « un hôtel minable » du quartier de la gare routière que se passe « l’affaire de Medellín » (Ha, 41) : la mort brutale de la jeune fille qui se jette par la fenêtre sans que l’on sache si c’est pour échapper à la tentative de viol du cinéaste ou à la présence d’une vipère-fer-de-lance. Ces descriptions et ce récit dramatique, objet d’une analepse dans le chapitre intitulé « La nuit de Medellín », mettent clairement en évidence les contrastes extrêmes de la ville.

Même si dans Hasard la scène de Medellín n’est pas longue, Le Clézio présente en quelques mots ce que l’on pouvait dire de cette ville à l’époque : « C’est Alban qui avait organisé le voyage à Medellín, la ville la plus dingue, la plus dangereuse, la plus corrompue d’Amérique, […] Et, dès l’aéroport Moguer avait été séduit par le mélange de bonnes sœurs en cornette, des fausses bourgeoises en minijupe, puis, dans les rues autour de la place centrale, la foule, les Indiens descendus de la montagne, ou surgis de la forêt » (Ha, 201). Medellín reste cette ville à multiples visages, à la fois dangereuse et gaie, souriante, attrayante. Elle vit toujours dans ces paradoxes, dont le roman de Le Clézio exprime le caractère fascinant. ​​ 

 

Yonay Constansa Pinto G.

 

 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

ARTESANÍAS DE COLOMBIA, Litografía Arco, Bogotá, 1978; Encyclopédie Larousse, http://www.larousse.fr/encyclopedie/ville/Medell%C3%ADn/132539, consulté le 13 novembre 2016; LE CLÉZIO J.-M.G., Hasard suivi d’Angoli Mala, Paris, Éditions Gallimard, Coll. « Folio », 1999 ; MELO Jorge Orlando, Historia de Medellín, Medellín: Suramericana de Seguros, 1996; Medellín http://www.banrepcultural.org/blaavirtual/revistas/credencial/febrero2009/medellin.htm, http://off2colombia.com.co/medellin-geografia-historia, consulté le 03 novembre 2016 ; Metro de Medellín https://www.metrodemedellin.gov.co/Qui%C3%A9nessomos/Historia.aspx, ORTIZ JIMÉNEZ Juan Diego, Lo que sufrió Medellín para tener su metro, 2006 http://www.eltiempo.com/multimedia/especiales/historia-del-metro-de-medellin/16443482 consulté le 03 novembre 2016 ; Silleteros :http://www.antioquiadigital.com/silleteros/esp/tsillete.htm