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Bibliographie et abréviations
Auteurs

 

Mahmoud Darwich, Poète palestinien contemporain, est né à Al Birwa en Galilée (Palestine alors sous mandat britannique) le 13 mars 1941 et décédé à Houston (USA) le 09 août 2008, à la suite d’une opération à cœur ouvert. Il a connu l’exil dès l’enfance : en 1948, à la création d’Israël, ses parents sont contraints de quitter leur pays pour le Liban, ce qui a profondément marqué le jeune Mahmoud. Quand la famille revient clandestinement en Israël en 1950, il constate que le village a été rasé et se sent un étranger dans son propre pays. Installé avec sa famille dans un village voisin, Dayr al Assad, où il vit en semi clandestinité, il va à l’école, apprend l’arabe et l’hébreu. Il trouve refuge dans la poésie et se rapproche de la littérature arabe médiévale empruntée aux « muallaqu'ats ». Sa poésie parle de la douleur de l’enfant qui a connu l’expulsion de sa terre nourricière :

 

Et mon père a dit un jour :

Celui qui n’a pas de patrie

N’a pas de sépulture

[...] Et il m’interdit de voyager.

(La Terre nous est étroite et autres poèmes, 2002, 25)

 

Il commence très jeune une carrière de journaliste et, engagé dans le combat politique, il milite en 1961 au Parti communiste israélien. Sa rébellion lui fit connaître la prison à plusieurs reprises, entre 1961 et 1967. Assigné à résidence à Haïfa en 1970 pour ses écrits jugés subversifs, il décide de fuit Israël et arrive à Beyrouth où il travaille comme rédacteur en chef au Centre de recherche palestinien de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Inscrit en 1971 dans une université de Moscou pour y étudier l’économie politique, il disparaît pour réapparaître au Caire. Là, il est attendu, ovationné et reconnu comme « Le Poète du monde arabe » dont il porte la parole par son chant d’amour pour son pays. Son poème « Identité » fut loué dans tout le monde arabe :

 

Inscris

Je suis arabe

sans nom de famille-je suis mon prénom 

« patient infiniment » dans un pays où tous

vivent sur les braises de la colère […]

(Identité-Poèmes palestiniens, 2009, 79)

 

Poursuivant son activité de journaliste au Caire avec al-Ahra, et à Beyrouth où il collabore au mensuel Affaires palestiniennes et crée la revue littéraire Al-Karmel, il a été membre du comité exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) jusqu’en 1993, date à laquelle il l’a quittée pour protester contre les accords d’Oslo. Il reprend alors la route de l'exil vers Le Caire, Tunis puis Paris pour de longues années avec, comme il le déclare dans Nous choisirons Sophocle, « [sa] valise pour patrie » :

 ​​​​ 

Ami, le Nil

Ne me jette pas dans la Volga, ni le Congo

Ou le Jourdain dans l’Euphrate !

À chaque fleuve, sa source, son cours et sa vie.

Ami, notre terre n’est point stérile. Chaque terre a son jour de naissance. A chaque

aurore l’instant de son explosion !

(« Regrets », Poèmes palestiniens, 2009, 82)

 

Très engagé dans la lutte de son peuple, il n’a cessé d’espérer la paix :

 

Un jour je serai ce que je veux

Un jour je serai une idée qu’aucun glaive ne porte

À la terre désolée, aucun livre [...]

(Murales, 2003, 8)

 

Après trente ans d’exil, il a partagé ses dernières années entre Amman en Jordanie et Ramallah en Cisjordanie et fut alors président de l'Union des écrivains palestiniens. Un mois avant son décès, le 14 juillet 2008, il figurait parmi les invités du Festival des Musiques du Monde à Arles.

Mahmoud Darwich est l’auteur d’une vingtaine de livres de poésie et de nombreuses œuvres en prose, dont Une mémoire pour l’oubli (1994) qui relate une journée du siège de Beyrouth par les troupes israéliennes en 1982. Plusieurs de ses poèmes ont fait l’objet d’adaptations théâtrales et ont été mis en musique par le chanteur libanais Marcel Khalife. Il a reçu de nombreuses récompenses : lauréat du Prix Lénine de la paix de l'ex-URSS (1983), médaillé de l’Ordre des Arts et des Lettres en France (1993), il est couronné en 2004 du prestigieux Prix Prince Claus à La Haye (Pays-Bas). Son écriture, disait-il, se devait de remettre en question chacun de ses livres publiés pour aller au plus profond du poème, pour avancer.

Toujours en éveil, il fut « poète de la vérité », le regard porté vers l’autre, avec une très grande sensibilité, une réelle présence pour résister à la violence du monde. Sa vie fut une longue lutte d’exilé engagé pour la paix et la défense de son pays passionnément aimé. Son œuvre est publiée dans le monde entier (plusieurs de ses recueils ont été traduits en hébreu). En France, il est édité principalement par Actes Sud, Gallimard et traduit en français par Elias Sanbar très souvent, mais aussi par Abdellatif Laâbi, comme le signale J-.M.G. Le Clézio (1994, 90). Une place Mahmoud-Darwich a été inaugurée le 14 juin 2010, quai Malaquais, à Paris, en présence entre autres, de Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité palestinienne.

Le Clézio a eu l’occasion d’exprimer son admiration pour Mahmoud Darwich : en 1994, à l’occasion de la publication de Au dernier soir sur cette terre, il donne à la Nouvelle Revue Française un article qui célèbre Les Noces palestiniennes de Mahmoud Darwich. Ce texte empreint d’émotion et de lyrisme exalte l’amour du poète exilé pour « la terre de Canaan », « Terre-mère, Terre-femme, Terre de désir » (1994, 84) dont l’absence douloureuse ne peut-être « annulée » que par « le souffle de la poésie » (86). J.-M.G. Le Clézio souligne la portée universelle de cette poésie. Pour lui, Mahmoud Darwich est « la voix de l’exil » qui « écrit dans l’urgence, dans la hâte, non dans le calcul » (87) pour chanter le « rêve de retour » des « bannis », associé au « rêve de la paix, de la vie recommencée » (88). Écrit avec pour horizon « la cruauté de ces temps de pierres » (référence à la première Intifada, 84), l’article de J.-M.G. Le Clézio met l’accent sur ce qui rassemble, sur ce qui devrait être facteur de paix : le texte réunit sous la même bannière de souffrance et d’aspiration à la paix le poète arabe, Mahmoud Darwich, et le poète juif Hayyim Nahan Bialik ; identifiant le rêve de retour des exilés de Palestine au « vieux rêve du peuple juif », J.-M.G Le Clézio rappelle que la terre de Galilée porte « l’héritage de Babylone et de Jérusalem, la puissance ancienne de David et la force juvénile du Messie » (p. 87), et il rend un vibrant hommage au creuset culturel que fut la Méditerranée, « cette mer qui est aussi la mer du retour » :

 

Mer-mémoire de l’Egée, du siège de Carthage et de la chute de Tyr, mer d’Ulysse qui porta les oliviers cendrés, la Bible de Canaan et l’ancien chant d’Athènes, et le souffle sacré de la gazelle du Nil. (p. 90)

 

 

    Josyane de Jesus-Bergey

 

 

 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

DARWICH, Mahmoud, Rien qu’une autre année, anthologie (1966-1982), Paris, Minuit, 1988 ; Plus rares sont les roses, Paris, Minuit, 1989 ; Au dernier soir sur cette terre, poèmes, Arles, Actes Sud, 1994 ; Une Mémoire pour l’oubli, récit, Arles, Actes Sud, 1994 ; Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude, poèmes, Arles, Actes Sud, 1996 ; La Palestine comme métaphore, entretiens, Arles, Actes Sud, 1997 ; Le Lit de l’étrangère, poèmes, Arles, Actes Sud, 2000 ; Murales, poèmes, Arles, Actes Sud, 2000 ; La Terre nous est étroite et autres poèmes (1966-1999), Paris, Gallimard « coll.» NRF poésie, 2002 ; État de siège, poèmes, Arles, Actes Sud, 2004 ; Ne t’excuse pas, poèmes, Arles, Actes Sud, 2006 ; Entretiens sur la poésie, Arles, Actes Sud, 2006 ; La Trace du papillon, (pages d’un journal de 2006-2007), Arles, Actes Sud, 2009 ; Poèmes palestiniens précédés de Chroniques de la tristesse ordinaire, Paris, Éditions du Cerf, 2009 ; Nous choisirons Sophocle et autres poèmes, Arles, Actes Sud, 2011 ; LE CLÉZIO, J.-M.G, Noces palestiniennes, Mahmoud Darwich, La Nouvelle Revue française, n°500, septembre 1994, p. 83-90 ; SALLES, Marina, Le Clézio, notre contemporain, Rennes, PUR, 2006, p. 278-284.