LETITIA ELIZABETH LANDON (L.E.L.)

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Bibliographie et abréviations
Auteurs

Letitia Elizabeth Landon, plus connue sous les initiales L.E.L. dont elle signait ses textes, est une poétesse et romancière anglaise, représentative de la littérature féminine du début de l’ère victorienne, à l’instar de ses amies Elizabeth Barrett Browning et Felicia Dorothea Browne Heymans. Assimilée au courant romantique, fervente émule de Byron, elle est restée dans les mémoires moins pour son œuvre, contestée, mal comprise et vite oubliée, que pour les aspects romanesques de sa vie et l’énigme de sa mort brutale en Afrique.

Née à Londres en 1802, dans une famille de la moyenne bourgeoisie, élevée au Collège de Frances Rowden, puis par sa cousine Elisabeth, elle montre des dispositions précoces pour l’écriture. Elle a 17 ans quand son voisin, William Jerdan, directeur de la Literary Gazette, la repère et publie son premier poème, Rome (1819), suivi de nombreux autres. À la mort de son père en 1824, Letitia Elizabeth Landon doit subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Elle participe alors à la rédaction d’albums annuels, de livres cadeaux et contribue activement à la mode du « keepsake », ses poèmes, ses récits illustrant des gravures ou des reproductions de tableaux d’artistes contemporains. Avec sa plume prolifique, son intuition des attentes du public et l’aura de mystère autour de ses initiales, elle excelle dans cette littérature de commande qui lui assure à la fois la notoriété et une indépendance financière, rare pour les femmes écrivains de l’époque. Son recueil de poèmes, The Improvisatrice and other poems with embellishments l’impose, dès 1824, dans les milieux littéraires. Mais sa réputation est très tôt ternie par les rumeurs que véhiculent des journaux comme The Wasp, The Sun Newspaper et la presse à scandales au sujet de sa vie sentimentale, de sa liaison avec William Jerdan dont elle aurait eu clandestinement un (voire 3) enfant(s) illégitime(s), et avec d’autres hommes mariés. Elle se voit finalement contrainte de rompre ses fiançailles avec John Forster, critique littéraire et biographe de Dickens, qui, déstabilisé par ces calomnies, diligente une enquête, manifestant un manque de confiance, douloureux pour la jeune femme.

En 1838, elle épouse George Maclean, gouverneur du fort de Cape Coast au Ghana. En juillet de la même année, elle l’accompagne en Afrique. Mais trois mois plus tard, le 15 octobre, elle est retrouvée morte dans sa chambre avec à ses côtés un flacon d’acide prussique et ces mots écrits lors de la traversée : « Do you think of me as I think of you, my friends, my friends », ces mots qui rythment le poème d’hommage d’Elizabeth Barrett Browning, L. E. L.’s Last Question et que Le Clézio cite avec émotion. Cette mort mystérieuse et romanesque alimente à nouveau les supputations autour de trois hypothèses : celle de l’accident, officiellement retenue – la jeune femme aurait confondu l’acide prussique avec le flacon de laudanum qu’elle prenait pour apaiser ses crises nerveuses –, celle du meurtre commis par la maîtresse africaine du Gouverneur, servante au fort, celle du suicide romantique, Letitia Elizabeth Landon ayant choisi de mourir dans sa trente-sixième année, comme Byron, son idole. Dès lors, la vie tourmentée de L.E.L. éclipse son œuvre, elle-même victime, à réception, de lectures hâtives et de malentendus.

Letitia Elizabeth Landon est l’auteure de plusieurs recueils de poèmes, dont The Troubadour. Catalogue of pictures and historical sketches (1825), The Golden Violet with its tales of Romance and Chivalry (1826), The Venetian Bracelet. The Lost Pleiad, A History of the Lyre and other poems (1828), d’un roman, Romance and reality (1831) et d’une centaine d’articles publiés dans The Literary Gazette ou les « gifts books ». On lui a reproché ses productions commerciales, hâtivement écrites, le choix de thématiques essentiellement sentimentales et élégiaques, ses textes ayant été lus au premier degré, avec les préjugés sexistes de l’époque concernant la littérature féminine, comme la stricte projection de ses expériences et de ses émotions personnelles. Tombée dans l’oubli au XXe siècle, car jugée trop simpliste ou trop mièvre, sa poésie est actuellement redécouverte par la critique qui rejoint certain(e)s critiques contemporain(e)s de Letitia Elisabeth Landon (Susan Sheppard, Caracteristics of the Genius of L. E. L., 1841) pour rendre justice à l’exigence littéraire de l’écrivain. Ses contributions à ce qu’on appelle « la littérature fugitive », en contrepoint des œuvres d’art représentées dans les albums souvenirs, révèlent son attention à la forme, au langage artistique. Quant à ses poèmes, ils relèvent d’une double lecture : s’ils offrent au lecteur conventionnel les oripeaux de la sentimentalité, ils expriment au second degré la désillusion de l’amour, les fausses valeurs de la gloire, et donc les mensonges de la société et de l’art qui exaltent l’un et l’autre. Une ironie qui a échappé à nombre de ses lecteurs. Au fil du temps, son œuvre se place sous le signe du désenchantement : « Day by day / Some new illusion is destroyed, and Life / Gets cold and colder on towards it’s close » (The Golden Violet, tome II).

On comprend aisément en quoi ce personnage a pu fasciner Le Clézio et lui inspirer la nouvelle « L.E.L., derniers jours » dans le recueil Histoires du pied et autres fantaisies (2011) : un destin non élucidé qui laisse le champ libre à l’imagination du romancier, le contexte africain, marqué du sceau de l’esclavage et de la colonisation, une figure de femme émancipée qui affirme son indépendance professionnelle, sa liberté sentimentale face à l’intolérance d’une société phallocrate et puritaine. Letitia Elizabeth Landon est de la trempe des héroïnes lecléziennes et de la famille de ces femmes de talent qui, avec une énergie sans limites, osent tenter de se faire une place dans des mondes dominés par les hommes, celles à qui Le Clézio rend hommage dans une de ses conférences en Corée : Christine de Pisan, Olympe de Gouge ou la peintre Marie Bashkirtseff (Voix de femmes, 2013).

 

Marina Salles

 

 

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

DIBERT-HIMES, Glenn, « Introductory Essay to the Work of Letitia Elizabeth Landon » http://extra.shu.ac.uk/corvey/database/authors/datal/landon/gdhessay.htm consulté le 20 jancier 2016 ; ELWOOD, Anne Katherine, Biography on Letitia Elizabeth Landon, http://spenserians.cath.vt.edu/BiographyRecord.php?action=GET&bioid=4388, consulté le 15 janvier 2016 ; LE CLÉZIO, J.-M.G., « Trois femmes en France : Christine de Pisan, Olympe de Gouges, Marie Bashkirtseff » dans SALLES, Marina, LOHKA, Eileen (coords), Voix de femmes, Les Cahiers Le Clézio n°6, Paris, Éditions Complicités, 2013 ; MAC GANN, Jérome and REISS, Daniel, Letitia Elizabeth Landon : Selected Writings, Peterborough, Ontario, Broadview Press, 1997 ; Romantic Circle, « Life of Letitia Elizabeth Landon » https://www.rc.umd.edu/editions/lel/lelbio.htm, consulté le 15 janvier 2016 ; STEPHENSON, Glennis, Letitia Landon, The Woman behind L. E. L., New-York, Manchester University Press, 1995 ; SULLIVAN, Alvin, Letitia Elizabeth Landon, The Romantic Age, 1789-1836, Ed. British Literary Magazine, London, Greenwood Press, 1983.